L'installation des sinistrés dans les chalets de la Sablière est vécue difficilement par les familles. Dans le site en question, situé à quelque deux kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès, des ouvriers, pour la plupart des jeunes, menaient la guerre, hier, à la boue, en tentant de recouvrir les allées de graviers et de niveler les espaces réservés aux véhicules, en vue de les bétonner plus tard. Le site de la Sablière, qui héberge près de 500 familles, venues de la cité des 1200-logements, est toujours un chantier. Les chalets, composés de deux pièces, d'une cuisine et d'une petite salle, intégrant douche et toilettes, souffrent de nombreux défauts, dont certains ont été camouflés par les occupants. Certains bungalows ont vu leur toiture se détacher la semaine passée, à cause des vents. Ici, les sinistrés s'impatientent et parlent de “lenteurs” dans les travaux, que ce soit à l'intérieur des chalets ou à l'extérieur. Cette situation a contraint plus d'un à mettre la main à la pâte et à engager des frais. “Le site, une colline proche de la mer, est livré aux vents”, relève un sinistré. Selon lui, certains travaux ne peuvent pas attendre en cette saison hivernale. “Il y a des travaux qui sont pris en charge par les ouvriers du chantier, comme par exemple les fuites d'eau, mais pour ce qui est des fentes, qui sont le résultat d'un mauvais montage des chalets, souvent on s'en occupe nous-mêmes, en appliquant de la colle spécial bâtiment ou en couvrant le sol de tapis synthétiques, quand il s'agit de petites ouvertures”, ajoute-t-il. Ce dernier, marié et père de deux enfants, héberge sous son toit sa mère et sa sœur. Il estime que les tapis lui permettent de cacher toutes les “imperfections” et d'apporter un peu de chaleur dans son chalet “glacial”, en attendant l'achat prochain d'un chauffage à gaz butane. Le sinistré pense également que le gros des ouvriers ne possède ni qualification ni “notion du temps”. “Quand on fait appel à eux, ils nous laissent poireauter des jours entiers et quand ils se rappellent de vous, souvent ils vous expliquent qu'ils n'ont pas la qualification et qu'il faut attendre encore que flen (untel, ndlr) se libère pour vous faire telle ou telle réparation”, précise-t-il, en déplorant tout le travail qui reste à faire. Un travail qui comprend, outre l'aménagement des allées, la pose des clôtures de séparation entre les chalets, accompagnée de roseaux, la construction d'un mur délimitant le site, l'installation des persiennes, l'alimentation régulière des citernes d'eau, l'installation de l'eau potable dans les robinets, etc. “Avec la construction de la clôture et la pose des roseaux, on se sentirait beaucoup mieux, à l'intérieur du chalet et dans nos têtes”, avoue ce père de famille. Et d'ajouter : “L'être humain a peut-être des grandes capacités d'adaptation, mais il ne faut pas trop tirer sur la corde et nous pousser à bout”. Avant de prendre congé de notre interlocuteur, ce dernier insistera sur le “respect des délais”, en révélant en même temps que les sinistrés de la Sablière ne disposent d'aucune infrastructure, pas même commerciale ou sanitaire. Heureusement que certains marchands de légumes et de poissons, viennent vendre leurs produits de temps en temps, comme ils le faisaient à la cité des 1200-logements, avant le séisme du 21 mai 2003. Sur les lieux, aucun représentant de l'Etat n'est présent, pas même un administrateur comme cela se passait dans les camps de toile, pour l'interroger sur le pourquoi des lenteurs dans les travaux et sur les échéances éventuelles. À l'entrée du site, des gens attendant le transport public, parmi eux des enfants devant rejoindre leur école, à Boumerdès. Des enfants approchés nous apprendront que le bus arrive fréquemment en retard, sans s'arrêter à “l'arrêt”. Dans ces cas-là, ils espèrent qu'un voisin véhiculé les accompagnera en voiture jusqu'à Boumerdès, sinon ils se voient dans l'obligation d'aller à pied. H. A.