La salle Ibn Khaldoun a abrité, avant-hier, un concert de musique diwane (gnaoua) avec la célèbre interprète Hasna El-Bécharia, la première femme joueuse de goumbri. Ses retrouvailles avec le public algérois ont été une occasion pour elle de revisiter son répertoire. Hasna El-Bécharia est une voix qui réussit à transmettre toute la tradition et la culture des diwanes gnawa. Elle a également un charisme fou et un grand sens de la scène et du partage. Son talent et sa générosité lui ont permis de se hisser parmi les plus importantes voix de la musique diwane, elle qui est devenue une représentante de marque de cette culture-là. Après ses concerts, le Ramadhan dernier, Hasna El-Bécharia, née en 1950, a retrouvé son public algérois, vendredi dernier, à la faveur d'un concert à la mythique salle Ibn Khaldoun (Etablissement Arts et Culture). Des retrouvailles avec un public qui est lui est toujours resté fidèle. Beaucoup de personnes sont venu voir leur artiste préférée se produire sur scène. Il y avait même bousculade à l'ouverture des portes. Cette date de Hasna El-Bécharia, certains l'ont appelée “le concert à ne pas rater". Bien qu'il n'ait pas duré longtemps, le concert a été une réussite, d'autant que l'artiste a fait danser tous ses fans, sur les rythmes entraînants de la musique diwane, qu'on retrouve justement dans ses deux albums : “Djazaïr Djouhara" et “Smaâ Smaâ". L'artiste, à l'univers particulier, a, comme chaque fois, littéralement enflammé la salle. Avec elle, pas la peine d'aller graduellement ni crescendo, le ton est donné d'entrée de jeu, et le rythme est toujours au rendez-vous. Il monte très vite et on accroche dès les premières secondes. Pieds nus, comme à son habitude, accompagnée d'un orchestre presque exclusivement féminin, cette fois, Hasna El-Bécharia a repris ses plus grands succès tels “Hakmet Lekdar" (à ne pas confondre avec “Hakmet Lekdar" de Lemchaheb puis Dissidenten), et beaucoup d'autres. On ne pouvait passer à côté de l'incontournable, l'inénarrable “Djazaïr Djouhara", un de ses plus grands succès — pour ne pas dire le plus grand — dont le public ne se faisait pas prier de reprendre en chœur. Jeunes et moins jeunes sont tous venus apprécier le talent de cette artiste complète et impressionnante qui bascule très aisément du goumbri à la guitare électrique. Outre ses mélodies et son rythme festif, la musique de Hasna est profonde. Un professionnel amoureux de son style musical, présent dans la salle a refusé de dire que Hasna El-Bécharia ne faisait que du gnaoui. Pour lui et pour certains “lorsqu'on écoute ses textes, on s'aperçoit elle fait un remarquable travail presque de blueswoman, tant ses mots sont forts et sortent des entrailles". Fusion de blues et de diwane, le public adhère à chaque fois. Emue par l'amour et l'accueil chaleureux que lui a réservés le public, elle n'a pas hésité à rejouer “Djazaïr Jouhara". “C'est toujours un plaisir de chanter chez soi, dans son pays et le public algérien m'avait manqué", a-t-elle déclaré. Et d'ajouter : “La fidélité et l'amour du public m'encouragent à donner plus." Donner encore plus, c'est justement ce que l'artiste compte faire avec le nouvel album en préparation. Trois ans après son dernier album, Lla Hasna reviendra sur le devant de la scène cette année avec un album événement, qui renferme beaucoup de surprises, notamment des collaborations intéressantes. L'artiste nous a également fait part de son souhait d'ouvrir une école ou une association pour apprendre aux femmes à jouer au goumbri, qui a longtemps été interdit aux femmes, dans la tradition diwane. Toutefois, faute de local, ce projet reste une idée qu'elle souhaite pouvoir réaliser un jour. F Y N