Face au blocage, le nouveau secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a promis une nouvelle initiative diplomatique pour tenter de stopper la guerre en Syrie, mais les Etats-Unis excluent toujours d'armer les rebelles, l'idée ayant divisé en 2012 jusqu'au plus haut niveau à Washington. L'annonce de l'initiative américaine intervient alors que les efforts diplomatiques pour un règlement en Syrie sont dans l'impasse. Pourtant, le ministre syrien de l'Information, Omrane Al Zohbi, vient encore d'affirmer que la porte du dialogue était “ouverte". “La table de négociations est là, bienvenue à tout Syrien qui veut dialoguer avec nous", a-t-il dit tout en rejetant toute condition à un tel dialogue. Le chef de la Coalition de l'opposition, Ahmed Moaz Al-Khatib, propose depuis une semaine d'entamer des discussions directes avec des représentants du régime de Damas n'ayant pas de sang sur les mains, précisant que tout dialogue devait porter nécessairement sur le départ du président Al-Assad. Il a ensuite exigé hier la libération de toutes les prisonnières détenues par le régime, à défaut de quoi il retirerait son offre de dialogue. Pour toute réponse, le président syrien a procédé en début de semaine à un remaniement ministériel, se séparant que de ministres techniques du Travail et des Affaires sociales, du Pétrole, des Finances, de l'Habitat, de l'Agriculture et des Travaux publics. Bachar Al-Assad donne l'impression de ne s'intéresser qu'à l'aspect économico-financier de la crise. Les dommages infligés à l'économie par le conflit représentent 55% du produit intérieur brut (PIB) : il y a pénurie d'essence, de fréquentes pannes d'électricité et une inflation dépassant 50% en glissement annuel. La Banque mondiale a parlé d'une contraction de 20% du PIB, d'un déficit des comptes courants constituant 7,1% du PIB et d'un taux de chômage de 37%. Selon l'ONU, la production du secteur agricole, qui emploie près de 40% de la population, a baissé de moitié. Dans le même temps, Bachar Al-Assad tente de s'attacher la fidélité des chrétiens en accueillant royalement le patriarche libanais Bechara Boutros Raï à Damas, c'est la première visite d'un dignitaire religieux maronite de ce rang depuis l'indépendance du Liban en 1943. Bichara Boutros Raï a conduit une messe à la cathédrale maronite de la capitale syrienne, où a été intronisé Youhana Yazigi, patriarche grec-orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient, en appelant à des réformes en Syrie et en prônant le dialogue. Si la communauté chrétienne syrienne est restée globalement à l'écart de la révolte devenue conflit armé ayant fait, selon l'ONU, plus de 60 000 morts depuis mars 2011, les chrétiens libanais sont profondément divisés entre pro et anti-Assad. Sur le terrain, si le régime s'est déclaré prêt à dialoguer avec ses adversaires mais sans conditions préalables, les combats ne connaissent pas de répit. D. B.