L'attitude du Mouvement de la société pour la paix (MSP) que préside Bouguerra Soltani, contrairement à ce que l'on tente d'accréditer, n'est pas à vrai dire une surprise. La décision du mouvement fondé par feu Nahnah de quitter, in fine, la table des “dix”, était somme toute prévisible. Et les premiers à n'avoir pas exclu cette éventualité sont les participants eux-mêmes. Les arguments avancés, mardi dernier, par le premier responsable de la formation islamiste, pour justifier un acte déjà “cogité”, lors de la conférence de presse tenue au siège du parti à Alger, ne sont en réalité qu'une tentative maladroite de dissimuler une démarche, du reste, préalablement établie. Le MSP, soit dit en passant, n'est pas à proprement parler à son premier “coup fourré”. En 1999 déjà, le parti que présidait le défunt Mahfoud Nahnah avait adopté une démarche similaire. Il avait accompagné l'opposition un moment avant de “tourner casaque” et fini par apporter son soutien au candidat du consensus, Abdelaziz Bouteflika. C'est dire que l'attitude qu'il vient de réserver aujourd'hui à l'initiative du “front contre la fraude”, n'est donc pas nouvelle. Comment a-t-il changé ? Lorsque ayant été approché quelques jours avant la réunion de vendredi dernier, par un responsable très en vue de la scène politique, le MSP se montra très intéressé par l'initiative. Et c'est tout naturellement qu'il fit partie du groupe par la suite. Samedi dernier, à l'issue de la deuxième réunion, Ahmed Dane, délégué par son parti, adhère à toutes les clauses du communiqué. Et ce n'est que le lendemain, après être arrivé d'ailleurs, en retard à la réunion, que Dane annonce à ses vis-à-vis, qu'après concertation, le parti ne souhaite pas le départ de l'Exécutif. Une “manœuvre” qui a quelque peu indisposé Benflis, mais à laquelle un leader de l'opposition trouvera vite “la parade”. Il proposera au représentant du MSP de signer “sous réserve”. Mais en vérité, comme beaucoup l'avaient soupçonné, le MSP, dont la présence a été à l'origine du refus du MRN de participer à la réunion en question, ne visait qu'un seul objectif : faire pression sur Bouteflika auquel le parti, sauf surprise de dernière minute, s'apprête à lui apporter le soutien aujourd'hui lors de son conseil consultatif en perspective de la prochaine échéance électorale. Le MSP qui n'a plus “les moyens de sa politique” monnaye, d'ores et déjà, son probable soutien en délivrant le message suivant à Bouteflika : “Nous avons toujours notre place à l'opposition.” L'autre objectif recherché par la formation était de torpiller l'initiative. Connaissant les relations entretenues par cette formation avec certains cercles décideurs et allant toujours dans l'esprit du soutien, le MSP tenait à faire partie du groupe, histoire de “le saborder”. Avisé de “la manœuvre” bien avant le début de la réunion de vendredi dernier, un candidat avait même proposé que cette formation ne soit pas associée à l'initiative. Et le temps a fini par lui donner raison. C'est dire donc que le retrait du MSP n'obéissait qu'à la stratégie classique du parti : l'entrisme. De là à dire que c'est une surprise, c'est un pas que le groupe des “dix” se refuse de franchir. Pour eux, l'important était de réunir le maximum de tendances, sans plus. Et le pari est gagné. K. K.