L'Algérie a accompli, durant 50 ans, de grands progrès. Le taux de pauvreté, ainsi que les inégalités ont tous deux baissé. Mis à part la décennie noire des années 1990, le revenu par habitant n'a cessé de croître depuis l'indépendance, pour atteindre plus de 7000 dollars par tête (en parité des pouvoirs d'achat) en 2011. Cependant, en comparant l'Algérie à la fois à des pays partis du même point il y a 50 ans, et à d'autres pays à revenu intermédiaire, Najy Benhassine, économiste et membre du groupe Nabni, releve que malgré une rente importante, notre pays n'a pas connu la trajectoire de développement qu'il aurait pu atteindre compte tenu de son immense potentiel. Exposant dimanche le point de vue de Nabni au siège du Forum des chefs d'entreprise à Alger, Najy Benhassine explique que le défi majeur que doit relever notre économie, à l'horizon 2020, est celui d'une croissance forte et enfin diversifiée. De simples projections sur la base de la tendance actuelle permettent d'entrevoir l'impasse dans laquelle se retrouvera notre pays si le virage de la diversification n'est pas immédiatement opéré. Dans un document présentant “une vision et un enseignement pour l'Algérie de 2020", Nabni propose une stratégie qui vise à relever ce défi et à atteindre un certain nombre d'objectifs chiffrés. Nabni souligne, entre autres, l'augmentation du PIB hors hydrocarbures de plus de 65% d'ici 2020 et le doublement de ce dernier d'ici 2030, correspondant à un taux de croissance moyen hors hydrocarbure de 6% par an à partir de 2015 et 7,5% à partir de 2020, la part des exportation hors hydrocarbure proche de 4% en 2020,9% en 2025 et 20% en 2030. Cette stratégie repose sur plusieurs leviers constituant, selon Najy Benhassine, une rupture fondamentale par rapport aux politiques menées ces dernières décennies. Il s'agira notamment de couper progressivement le cordon de la rente à l'horizon 2020 puis 2030, engager la nation dans une stratégie économique cohérente pour un nouveau modèle de croissance et de diversification, adopter une nouvelle approche des politiques de l'emploi et de l'informel et changer de manière fondamentale le cadre de gouvernance économique et l'approche de l'Etat en matière de conduite de la politique économique. Sur le plan de la gouvernance publique, l'expert souligne que nous figurons en queue du peloton des classements internationaux, au sein de pays à revenus comparables, quel que soit l'indicateur retenu. Pour cet économiste, “il est urgent, pour notre pays, de renforcer ses capacités à faire face, dans un futur très proche, à un monde de plus en plus turbulent, où seuls les pays qui auront la capacité de s'adapter et d'innover pourront tirer leur épingle du jeu", a-t-il averti.