Une imposante marche, en plus d'une grève générale qui avait paralysé toute la localité, a été organisée, jeudi dernier à Béni Douala, à l'appel de la coordination des comités de village de la daïra de la famille Laceuk qui est toujours sans nouvelles de son fils Ali, enlevé depuis le 23 février. La thèse du rapt est donc confirmée par les parents de la victime qui demandent la libération, sans condition, de leur fils tout en exigeant de la justice de se ressaisir après avoir relâché un premier mis en cause dans cette affaire. Il s'agit d'un certain B. Mourad, originaire de Bordj-Menaïel, qui a été le dernier à avoir contacté le disparu par téléphone. Dans toute la ville de Béni Douala, tous les commerces avaient baissé les rideaux depuis les premières heures de la matinée. C'est dire que Béni Douala est devenue une ville morte et silencieuse, l'espace d'une journée, pour dénoncer les rapts en Kabylie et demander la libération du jeune Ali Laceuk du village de Tala-Khelil. La marche, voulue silencieuse, qui a drainé une foule nombreuse, plus de 2 000 personnes, hommes et femmes, venus de tous les villages de la région mais aussi d'autres localités de la Kabylie profonde, s'est ébranlée vers 10 heures depuis le siège de l'APC et une véritable marée humaine a emprunté la principale artère de la ville pour se diriger vers le siège de la daïra puis vers le commissariat de la ville où, dans les deux cas, une délégation composée de représentants de comités de village, d'élus locaux et des membres de la famille Laceuk a été reçue par le chef de daïra puis par le chef de sûreté de daïra. Sur les banderoles portées par les manifestants, il était écrit et souligné en rouge des slogans très significatifs tels que : “Pour une couverture sécuritaire permanente", “Halte au kidnapping", “Non à l'impunité et au laxisme", “Halte et basta au kidnapping", “Libérez Ali sain et sauf", “Eradication des lieux de tentations et de délinquance". En fait, depuis quelques jours, les parents du jeune Ali sont persuadés que la thèse de l'enlèvement est irrévocable. Le jeune Ali Laceuk, handicapé de son état, a été enlevé pour des raisons non encore connues, tient-on à préciser, ce qui explique d'ailleurs cette importante mobilisation populaire. Sur des banderoles portant les portraits de la victime, on pouvait lire “Kidnapping", tout cela pour rappeler qu'il s'agit donc de la 65e personne à faire l'objet d'un enlèvement dans la wilaya de Tizi Ouzou depuis 2006. Une victime de plus et une de trop dans une région traumatisée par ce genre d'actes horribles . “Même si nous sommes sans nouvelles de notre frère Ali, avec votre présence, je sais que j'ai gagné des milliers de frères et sœurs", a déclaré Med -Amokrane Laceuk, le frère du disparu, aux nombreux présents venus soutenir sa famille, au moment même où les nombreuses femmes venues prendre part à la marche ne pouvaient plus contenir leurs larmes. “Toute la famille vit des moments d'angoisse terrible et nous attendons l'aboutissement de l'enquête. Le procureur général nous a promis de rappeler le suspect qui a été déjà auditionné puis relâché faute de preuve, et ce, pour approfondir les auditions et tout mettre en œuvre afin de faire toute la lumière sur cette affaire", a affirmé encore le frère de la victime. Dans la lettre adressée au chef de sûreté de la daïra de Béni Douala, la coordination des comités de village a demandé “justice et vérité sur l'enlèvement de notre fils, frère, ami et citoyen Ali Laceuk". Selon les rédacteurs du document, “si cette mobilisation s'est constituée, l'objectif est bien clair et précis, c'est pour consolider les circonstances réelles évoquées par la famille de la victime relatives à l'enlèvement de notre fils. Cette protestation et ce mécontentement résultent de la frustration et l'extrême déception du traitement dans la précipitation des services concernés d'une affaire sensible, préoccupante et urgente qui a abouti, hélas, au relâchement très tôt de l'inculpé malgré des renseignements et les éléments plausibles fournis", lit-on encore dans la même lettre. Estimant que la décision de la justice est beaucoup plus à l'avantage du ravisseur que de la victime, la coordination des comités de village de Béni Douala exige “le rappel du ravisseur pour de nouvelles auditions rigoureuses et approfondies en vue d'obtenir des aveux afin d'arriver à un dénouement sans condition et dans les plus brefs délais. Une action louable et à l'honneur des services concernés soulagera assurément nos concitoyens et sa famille". Contacté hier en début d'après midi, Med -Amokrane Laceuk nous a déclaré qu'une réunion de la coordination des comités de villageois devait avoir lieu. Celle-ci tranchera sur les démarches à mener encore dans cette affaire. K T