Plusieurs membres de l'UE, dont l'Allemagne, voient d'un mauvais œil l'idée de lever l'embargo, jugeant que cela ne pourrait qu'aggraver le conflit, déclenché le 15 mars 2011. La France et la Grande-Bretagne ont prôné, jeudi, une levée rapide de l'embargo européen pour pouvoir livrer des armes aux rebelles en guerre contre le régime en Syrie, à la veille du 2e anniversaire du début d'un conflit dévastateur qui ne connaît aucun répit. Il reste à savoir maintenant si le Président français et le Premier ministre britannique arriveront à convaincre les autres chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, qui ont entamé hier la seconde journée de leur sommet à Bruxelles, de la nécessité de fournir des armes aux rebelles syriens. Deux ans jour pour jour après le début de la révolte, la Syrie s'est imposée au menu des discussions, alors que ce sujet n'avait pas été mis à l'agenda officiel de cette réunion qui a porté jeudi sur la relance économique. Mais le président français François Hollande a insisté jeudi sur la nécessité de débattre de la levée, totale ou partielle, de l'embargo sur la fourniture d'armes aux forces de l'opposition, l'une des principales mesures prises dans le cadre des sanctions appliquées par l'UE contre la Syrie. A son arrivée à Bruxelles, François Hollande a affirmé que son pays “souhaitait que les Européens lèvent l'embargo. Nous sommes prêts à soutenir la rébellion, donc nous sommes prêts à aller jusque-là. Nous devons prendre nos responsabilités". L'objectif, selon des responsables français, est de leur fournir des missiles sol-air pour faire face aux raids de l'aviation, atout principal du régime. Les armes modernes, notamment antiaériennes, pourraient, afin d'éviter qu'elles ne tombent en de mauvaises mains, être dotées de pièces périssables, estiment des experts. De leur côté, les Etats-Unis ont affirmé qu'ils soutiendraient “certainement toutes sortes d'appui à l'opposition syrienne dont parlent publiquement la France et le Royaume-Uni", sans se prononcer explicitement pour une levée de l'embargo sur les armes. L'examen de la poursuite de l'embargo est prévu fin mai. Le Premier ministre britannique David Cameron a aussi indiqué que son pays pourrait se désolidariser de l'embargo. “C'est possible (...) nous pouvons avoir une politique étrangère indépendante." Plusieurs membres de l'UE, dont l'Allemagne, voient d'un mauvais œil l'idée de lever l'embargo, jugeant que cela ne pourrait qu'aggraver le conflit, déclenché le 15 mars 2011, par une révolte populaire qui s'est militarisée face à la répression. Mais Berlin a dit être prêt à en discuter “immédiatement". Les positions française et britannique vont creuser davantage le fossé avec Moscou, l'un des rares alliés du régime Assad à qui il continue de fournir des armes, et éloigner toute perspective d'un consensus international sur la crise. Le régime de Bachar al-Assad, qui assimile les rebelles à des “terroristes", a dénoncé les décisions de Paris et Londres comme une “violation flagrante du droit international", alors que l'opposition a salué “un pas dans la bonne direction". A New York, les membres du Conseil de sécurité se sont dits par ailleurs “très inquiets" des “incidents frontaliers répétés" entre la Syrie et le Liban et ont invité les Libanais à “s'abstenir de toute implication" dans le conflit. Alors que le Liban reste divisé entre pro et anti-régime syrien, ce dernier a menacé de frapper en territoire libanais les “bandes armées" qui continuent de s'infiltrer en Syrie via la frontière. H. S. / Agences