Pierre Galand homme politique belge s'est prononcé lors de la 4ème session du « Tribunal Russel sur la Palestine », en abordant la question du Moyen-orient et le rôle de l'ONU. [Propos recueillis à Bruxelles par Arezki MOKRANE] Pierre Galand, quelles ont les conclusions à tirer de cette dernière session du Tribunal Russel sur la Palestine ici à Bruxelles ? Les conclusions ? C'est d'abord d'avoir refait une synthèse des travaux entrepris à Barcelone sur les complicités de l'Europe. Et puis à Londres sur les complicités des entreprises. Et ensuite d'être allé à Cape Town. Là où on a étudié si le crime d'apartheid s'appliquait à Israël. Là, nous avons constaté que le crime d'apartheid ne s'appliquait pas seulement dans les territoires occupés mais aussi à l'intérieur d'Israël à l'encontre des Palestiniens. Et puis à New York pour savoir quelles étaient les complicités des Etats Unis, qui sont les principaux pourvoyeurs d'armes pour les Israéliens. Et aussi les moyens financiers qui sont accordés pour la colonisation...Après cela, on s'est tourné vers les Nations Unies car l'ONU ne remplissait pas réellement son rôle. Aujourd'hui, on s'aperçoit que les Nations Unies sont membres du « Quartette ». Un Quartette dans lequel les Américains font blocage, dans lequel les Européens n'osent pas bouger et les Russes, qui ont probablement d'autres choses à faire ! Il faut donc admettre que les Nations Unies doivent reprendre leur rôle et faire appliquer la règle ; pas seulement par Israël. Il ne s'agit pas seulement d'imposer des règles à Israël mais à l'ensemble des Etats qui sont les amis d'Israël en forçant ainsi Israël à changer sa position. Arrêter d'occuper, arrêter d'emprisonner, arrêter de faire ce qui est une colonisation pure et simple du territoire palestinien. Arrêter de prendre des mesures qui vont à l'encontre d'un peuple 8 Pas seulement parce qu'on lui détruit son devenir social, économique et culturel mais aussi parce qu'on est en train de détruire toute construction réelle de cet Etat palestinien. Et, une nouvelle fois, le Tribunal Russel sur la Palestine préconise le Bycott de l'économie israélienne ? C'est l'autre aspect. Chaque fois, le Tribunal a essayé de dire quelles étaient les propositions d'actions possibles pour que la société civile puisse exercer les pressions nécessaires sur les gouvernements ou les institutions internationales- que ce soit l'Union européenne, le Conseil des Droits de l'Homme à Genève et les Nations Unies. Il s'agit de déterminer quels sont les moyens dont nous disposons pour engager une action citoyenne basée sur la connaissance. C'est pourquoi nous souhaitons (et nous constatons) qu'il y a beaucoup de missions civiles qui vont en Palestine pour prendre conscience des enjeux, voir quelle est la situation vécue par les Palestiniens. Il y a tous ces murs, ces checkpoints, toutes ces colonies....Voir ce qui se passe, comment ces gens connaissent des situations de désespérance. En plus, quand ces gens sont à Gaza, c'est un pur blocus ! Donc allez voir, discutez avec les Palestiniens et rapportez chez vous ce qui se passe pour contrer une information trop unilatérale en faveur d'Israël et du mythe israélien. On nous parle sans cesse de la Shoah. Je ne la nie pas et je défends qu'il faut, par principe, rappeler la Shoah mais il ne faut pas permettre aux gouvernements israéliens de se draper dans la Shoah pour pratiquer exactement la même chose à l'encontre du peuple palestinien. Nous avons alors lancé une idée que nous avions déjà menée à l'époque –et longuement- pour mettre fin à l'apartheid : il s'agissait de prendre des initiatives tendant à boycotter les investissements (c'est le volet économique) et d'arrêter des sanctions (c'est le volet politique). Le boycott, c'est l'action citoyenne pour apporter un soutien aux populations palestiniennes car elles se sentent soutenues par ce mouvement du BDS (Mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions ndlr) pour faire en sorte que les entreprises et les Etats prennent conscience que les opinions publiques sont capables de faire des choix et, comme à l'époque de l'Aparatheid, de retirer son argent , par exemple, de certaines banques ou bien de ne plus prendre de l'essence à l'époque de Shell. Il y a eu vraiment un boycott de Shell et ça a amarché ! Shell a vu son chiffre de distribution de l'essence chuter complètement et cette entreprise a dû prendre des mesures. De même que certaines banques ont dû s'engager à ne plus pactiser avec l'Apartheid. Donc, il y a eu, petit à petit et grâce à cela, un des Etats qui a rompu ses accords culturels avec l'Afrique du Sud... Une première étape. Et puis les banques et les entreprises ont pris des mesures très concrètes pour ce désengager d'Afrique du Sud et ne pas être complices de l'Apartheid. C'est la même chose aujourd'hui. Nous devons, par l'action BDS, amener une conscience citoyenne à s'élever auprès des opérateurs et leur dire : »Maintenant c'est fini ! Vous devez afficher plus de cohérence et respecter l'Etat de Droit ! » A.M