Les 53 militants auteurs de la plainte en invalidation du VIIIe congrès ont introduit une demande d'autorisation pour la tenue de leurs assises. Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourredine Yazid Zerhouni, a déclaré, hier, à sa sortie de l'hémicycle du palais sénatorial, que son département avait reçu la demande du mouvement de “redressement” du FLN pour la tenue du congrès de réunification. “Nous examinerons le contenu de cette demande avant de donner notre réponse”, a répondu le membre du gouvernement, refusant d'en dire davantage sur le propos. De sources proches du FLN, nous avons appris que Abdelaziz Belkhadem, coordinateur du mouvement hostile à la ligne politique imprégnée au Front par Ali Benflis, est décidé à organiser ces assises, aux dates révélées par la presse (22 et 23 janvier courant), quels que soient les obstacles qui obstruent sa démarche. Il semblerait que des délégués des wilayas de l'intérieur du pays commencent à arriver à Alger pour prendre part au rendez-vous des “redresseurs”. Le secrétaire général du FLN, Ali Benflis, a appelé, par ailleurs, à la mobilisation de ses élus locaux et surtout nationaux contre le déroulement du congrès, par une présence massive sur les lieux. Ce qui revient à conclure que les assises de Belkhadem auront lieu incontestablement dans une ambiance électrique. D'autant que la cohésion n'est pas vraiment de mise dans les rangs même du mouvement. Les élections des congressistes ont été remises en cause dans plusieurs wilayas, ce qui a nécessité l'arbitrage de Belkhadem en personne. Quelques pionniers dans la fronde contre Benflis, à l'instar de l'ambassadeur de l'Algérie en Iran, Abdelkader Hadjar, ont souhaité que l'option du congrès soit écartée au profit de l'organisation d'une conférence nationale qui regrouperait tous les cadres “marginalisés ou exclus du FLN” à différentes phases de son parcours. Il est vrai que le mouvement de “redressement” a quelques difficultés à réunir les conditions statutaires et politiques pour la tenue du congrès. L'arrêt de la chambre administrative, près la cour d'Alger, qui a invalidé le VIIIe congrès du FLN – rendant par là même, caduques toutes les instances, décisions et résolutions qui en ont découlé — renvoie le parti aux textes fondamentaux consacrés par le VIIe congrès. Ce qui signifie que ce sont, soit le secrétaire général sortant, Ali Benflis dans ce cas-là, soit les deux tiers des membres du comité central sortants qui ont le pouvoir de convoquer un congrès. Benflis a affirmé, dans une conférence de presse, animée à Bourouba, jeudi dernier, qu'il a obtenu l'adhésion par écrit (signatures validées par un huissier de justice) de 164 membres du CC (soit plus des 2/3 requis). Un des responsables du mouvement de “redressement” a indiqué, pour sa part, que plus de la moitié de la composante de cette formation a rallié son camp. Au-delà de la polémique lancée autour des chiffres, il est clair que le mouvement dirigé provisoirement par Belkhadem n'a pas, jusqu'alors, pu se conformer aux règles statutaires. “C'est une situation inédite née de l'invalidation du VIIIe congrès. Nous ne sommes pas soumis aux mêmes obligations”, nous a déclaré un dissident de la ligne de Benflis. La demande d'autorisation de la tenue du congrès de “redressement” a été introduite finalement au nom des cinquante-trois militants, dont des députés et ministres, qui ont recouru à la justice pour invalider le VIIIe congrès. S. H.