Pour mener à bien une idée ou un projet, il faut se donner les moyens de sa politique. Ceci est indéniable ! Les moyens de “sa politique'' sont de nature forcément économique. En un mot : l'argent, cet inéluctable nerf de la guerre ! En réalité, que peut le pouvoir politique sans l'autre pouvoir, “le vrai'', le pouvoir économique ? En fait, l'un, déguisé en “homme d'affaires'' et l'autre, vêtu de l'apparat de l'Etat, sont faits pour cohabiter ensemble. Ainsi, l'élu se doit de renvoyer sans cesse l'ascenseur à travers des décisions politiques sur mesure, à son “généreux'' donateur. Couveuses magiques ! Dans tout cela, le seul dindon de la farce, c'est le peuple. Car, dans un tel système, où le décideur est le payeur, il ne peut y avoir de place pour la démocratie. C'est aussi, la mort annoncée des services publics. De l'école, de la santé... mais, ces pseudo-"hommes d'affaires'' n'ont rien à voir avec les vaillants operateurs économiques algériens qui ont la “folie'' d'engager leurs biens et ceux de leur famille pour tenter d'entreprendre dans leur propre pays, où règne un environnement d'affaires des plus hostiles au monde. Ces authentiques patriotes de l'entrepreneuriat n'ont aucun pouvoir. Ni économique et encore moins politique. Eux, ils subissent ! En Algérie, le pouvoir économique est détenu par de puissants “hommes d'affaires'' qui n'ont jamais investi le moindre sou neuf. Ce sont en général, des femmes et des hommes sortis de l'ombre par leurs sponsors issus du système. Un système vieux de plusieurs décennies, né des rouages de l'Etat. Du laboratoire d'El-Mouradia et autres sites officiels à couveuses magiques. En Algérie, le pouvoir économique est au service du politique et... vice versa. Ce sont les miracles d'un ascenseur bien rodé. Comme tout ascenseur, il ne travaille qu'à la verticale. De bas en haut, de haut en bas, mais, jamais à l'horizontale. Il ne sort pas de ses rails... de peur de tenter le peuple, éparpillé pêle-mêle, sur les côtés. L'imbroglio algérien ! Partout dans le monde, le pouvoir et la décision sont effectivement détenus par la puissance économique. Chez nous, également. Mais, dans le cas algérien, il serait plus juste de parler de puissance de l'argent et non pas économique. La chose économie requiert des sacrifices, un savoir-faire et des règles de jeu, que seuls nos opérateurs ont découvert, à leur détriment. Pris qu'ils sont dans l'imbroglio du business à l'algérienne, ils n'ont guère le temps de faire de la politique et peser ainsi sur l'échiquier. Et c'est dommage. Mais, comme la nature a horreur du vide, de nombreux hauts fonctionnaires et retraités de l'Etat, insatiables hommes forts, de tous les moments, se sont mis derrière les commandes du système parallèle économique national. Un système qui, aujourd'hui, impose sa politique et ses “propres'' règles du jeu. Ce qui ne laisse aucune chance à l'émergence d'une véritable stratégie entrepreneuriale, basée sur la petite et moyenne entreprise, ou industrie. Les décideurs prédateurs n'ont veulent pas ! Ils ont leur mot à dire et la décision leur revient. Ils sont dans tous les rouages des institutions, administration publique, partis politiques, associations, culture, sport... rien n'est laissé au hasard... ce n'est pas le travail d'un jour. Cela fait cinquante ans que le chantier de la pyramide a été lancé. Pourtant, ces gens là ont misé sur une seule entreprise nationale, qui aujourd'hui encore, les arrose de son or noir. N'est ce pas ça, l'économie ? Attendre pour qu'une économie telle qu'admise dans le monde, puisse prospérer, il y a nécessité d'assurer une certaine stabilité politique et sécuritaire, de renforcer le sentiment d'un Etat fort, de lutter contre la corruption, d'endiguer la bureaucratie, de faire respecter les lois et la justice... tous ces paramètres sont des préalables indispensables à un bon climat des affaires, certes. Or, pour prospérer et durer dans l'informel, tous ces “ingrédients'' sont du pain béni. Alors, pourquoi changer... un système qui marche ? Un modèle nommé Méga ! Si l'économie et la politique font bon ménage, il n'en est pas de même pour la démocratie. Lorsque le pouvoir politique et économique parle de démocratie, c'est qu'il pense qu'il est temps de s'enrichir encore plus. Le moment d'envoyer le peuple aux urnes pour lui faire croire qu'il existe. En attendant... on ne sait même plus quoi, on se dote de structures et commissions nationales pour refaire le monde. L'une des dernières trouvailles : le ‘'Méga'' (Modèle d'équilibre général algérien). C'est un simulateur de crises qui calcule l'ensemble des impacts pour d'éventuels chocs sur l'économie, permettant aux décideurs de réduire l'incertitude autour des décisions futures, des agents économiques. Cet arsenal de contrôle est géré par la direction générale de la prévision et des politiques (DGPP) du ministère des Finances. À El-Hamiz et autres Mecque de l'informel, on doit bien rire sous cape et qamiss, de telles décisions ! Décidément, ou nos dirigeants n'ont rien compris à la nature du changement, ou alors, ils ont un humour aussi noir que le marché algérien. Un adage dit : “La politique la plus ruineuse, c'est d'être petit et de voir grand." R. L. [email protected]