Commentant l'actualité internationale lors de son passage hier à l'émission “L'invité de la rédaction", de la radio Alger Chaîne III, le chef de la diplomatie algérienne a parlé des réserves algériennes concernant la question syrienne au Sommet de la Ligue arabe, tout en s'attardant sur l'UMA, le Sahara Occidental et les relations algéro-marocaines. Evoquant l'octroi du siège de la Syrie par la Ligue arabe aux rebelles, le ministre des Affaires étrangères a estimé que les décisions prises par une partie des Syriens seulement auront une durée de vie limitée. “C'est aux Syriens de se décider et toute décision qui pourrait venir d'une partie des Syriens, et seulement de cette partie — et encore plus, toute décision qui pourrait venir d'une partie des Syriens lorsqu'elle est influencée par des pressions extérieures — risque d'avoir une durée de vie très courte", a-t-il souligné. Pour rappel, lors du Sommet de Doha le 25 mars dernier, la Ligue arabe a attribué à la Coalition nationale de l'opposition syrienne le siège de la Syrie, malgré les réserves de l'Algérie et de l'Irak. Mourad Medelci a rappelé que son pays menait une politique de non-ingérence et s'était placé sur le plan de la Charte de la Ligue arabe, qui ne permet pas de donner le siège d'un Etat à “quelque chose qui n'est pas un Etat". Il a saisi l'occasion pour défendre la neutralité de l'Algérie envers le Printemps arabe. “Nous n'avons jamais eu de divergences ni de discrimination dans le regard que nous avons jeté sur les mutations enregistrées dans les pays arabes depuis la Tunisie, la Libye, l'Egypte, la Syrie et bien d'autres." “L'Algérie a toujours eu la même position (...) qu'elle fonde sur son propre vécu : c'est que l'Algérie entend être respectée en tant qu'Etat et l'Algérie ne s'autorise pas à interférer dans les affaires d'autres Etats", a précisé le ministre des Affaires étrangères. Des interrogations sur la campagne médiatique marocaine Par la force de l'actualité régionale marquée par la visite de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies chargé de la question du Sahara Occidental, Christopher Ross, dans la région, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a accordé une place importante aux rapports entre Alger et Rabat. D'emblée, il a critiqué la campagne médiatique marocaine contre l'Algérie car estimant qu'elle est “en contradiction" avec la volonté de l'Algérie et du Maroc “d'aller de l'avant". Visant l'agence de presse officielle marocaine (MAP) sans la nommer, il a indiqué que la campagne médiatique contre l'Algérie est “une question que nous avons débattue avec nos frères marocains de manière extrêmement sereine. Nous faisons un constat qu'en effet l'ambiance créée par ces annonces médiatiques, surtout quand elles sont portées par une agence d'Etat, est en contradiction avec la volonté politique de l'Algérie et du Maroc d'aller de l'avant". Poursuivant dans le même ordre d'idées, Mourad Medelci a souligné que cette campagne coïncide avec la visite en Algérie et dans la région de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies chargé de la question du Sahara Occidental, Christopher Ross. Au sujet de la tournée que mène l'émissaire onusien dans la région, le chef de la diplomatie algérienne a formulé l'espoir qu'elle “pourrait constituer une avancée entre les deux protagonistes, le Maroc et le Polisario". “L'ouverture des frontières, c'est une question bilatérale" Interrogé sur la question de l'ouverture des frontières algéro-marocaines, Mourad Medelci a indiqué que cela relève d'une question “bilatérale" et c'est donc, a-t-il dit, “bilatéralement qu'il nous (Algériens et Marocains) faudra trouver le chemin de la solution de cette question". Quant à l'Union du Maghreb arabe (UMA), le ministre a affirmé que l'instance est dans une phase de “normalisation" de son fonctionnement et que la tenue d'un sommet de l'union est tributaire de la réunion de toutes les conditions, notamment celles en relation avec la situation sécuritaire dans la région. “Nous sommes (UMA) dans une phase de normalisation du fonctionnement de cette union, et, par conséquent, il ne fait aucun doute, je ne sais quand, (à) le sommet de l'UMA se tiendra que lorsque toutes les conditions soient réunies", a-t-il déclaré. Dans le même cadre, Mourad Medelci a expliqué : “Nous sommes engagés dans un processus sérieux de préparation d'un sommet (UMA), mais nous sommes, également, bien loin, aujourd'hui, de boucler ce qui nous paraît être nécessaire de réunir comme conditions pour que celui-ci soit un succès." Parmi les conditions devant être rassemblées pour la tenue d'un sommet de l'UMA, le ministre des Affaires étrangères a cité la situation sécuritaire qui prévaut, aujourd'hui, au Maghreb et dans le Sahel. La tenue d'un tel sommet dans les conditions actuelles est “un peu délicate", a-t-il estimé. Il a précisé que la gestion de la situation sécuritaire prévalant dans la région constitue une condition préalable pour la tenue d'un sommet de l'UMA. Une réunion des ministres de l'Intérieur prochainement à Rabat Dans cette perspective, le chef de la diplomatie algérienne a révélé la tenue prochainement à Rabat, d'une réunion des ministres de l'Intérieur, afin, a-t-il expliqué, de poursuivre le processus né à Alger, en juillet 2012, et “qui, pour la première fois, avait donné à l'UMA un caractère substantiel, où les ministres des Affaires étrangères avaient débattu de la question sécuritaire". Il a notamment rappelé que “c'est lors de cette rencontre que nous avons passé en revue le risque sécuritaire propre à notre région. Nous sommes sortis avec la plate-forme d'Alger qui a donné une lecture de ce risque et, en particulier, celui découlant des développements de la crise libyenne et malienne". Mourad Medelci a souligné, en outre, qu'il était prévu, à partir de cette réunion, que les représentants de l'ensemble des institutions des deux pays concernées par les questions sécuritaires devaient se rencontrer. Il a indiqué que ces réunions qui se tiennent régulièrement ont pour objectif de dégager “une feuille de route et une stratégie commune de lutte contre l'insécurité". Dans ce cadre, il a souligné que la Libye “fait beaucoup d'efforts afin de maîtriser sa situation sécuritaire, économique et institutionnelle". Pas de politisation de l'affaire de l'adolescent Islam Khoualed S'attardant sur l'affaire du jeune sportif algérien, Islam Khoualed, poursuivi au Maroc pour une accusation d'“agression sexuelle" contre un jeune Marocain, il a affirmé que “l'Algérie n'a pas l'intention de remettre en cause la souveraineté de la justice marocaine", précisant que c'est à cette dernière de “se prononcer". “Notre rôle à nous est d'exprimer, de manière constante et substantielle, notre solidarité à ce jeune et à sa famille et nous l'avons fait et nous continuerons de le faire", a-t-il indiqué, tout en souhaitant que “le processus d'appel qui vient d'être introduit (par la famille du jeune Islam) pourra permettre à la justice marocaine de tenir compte de ce qui s'est passé réellement". “Les éléments d'information en notre possession indiquent qu'il n'y a pas vraiment de quoi créer ni une situation de ce type-là pour les deux familles et encore moins pour en faire une question politique", a souligné le ministre, précisant, dans ce sens, que “nous ne voulons pas en faire une question politique". M T