Résumé : Djaffar se rend chez les parents de Yasmina en compagnie de sa mère. Ces derniers sont surpris de leur visite. Djahida parle de Yasmina et parvient à les toucher. Tous souhaitent son retour. Djaffar a hâte de lui apprendre la nouvelle. Sa mère trouve étrange l'intérêt qu'il lui porte. Elle veut en savoir plus. -J'attends des explications, insiste Djahida. Pourquoi ai-je l'impression que tu t'intéresses à ta cousine ? - On n'est pas cousins, rectifie le jeune homme. Toi et son père êtes des cousins éloignés, pas nous ! - C'est ça, réplique sa mère. Alors pourquoi t'es-tu confié la mission de la rapprocher de sa famille ? Explique-moi pourquoi elle te tient tant à cœur ? - Comme ça, répond Djaffar. Si je te comprends bien, il y a toujours une raison quand on veut faire du bien autour de soi ? - Non, mais j'ai le sentiment très fort que tu n'es pas indifférent au charme de ta cousine, insiste sa mère. Dis-moi si c'est le cas ; je serais heureuse de l'avoir pour belle-fille ! Djaffar se lève et fait mine de se fâcher. - Chaque fois que je tourne autour d'une fille, tu penses à me marier ! Depuis le lycée, il y en a eu une centaine ! Tu as raté pas mal d'occasions d'avoir une belle-fille ! - Oui, tu es beau garçon et moi, je trouve que le temps du lycée est bien loin ! Tu es en âge de fonder un foyer, insiste Djahida. Et l'idée d'avoir une belle-fille ne me déplaît pas ! - Hélas, maman, il n'y a rien entre nous ! Je la connais, c'est tout ! - Mais elle te plaît ? - Elle a du caractère en plus d'être jolie, reconnaît-il. Satisfaite ? - Chouiya, soupire-t-elle. J'ignore pourquoi, mais… Djaffar l'interrompt d'un geste de la main. - Il n'y a rien, insiste-t-il. Crois-moi, lorsque je voudrais me marier, tu seras la première à le savoir. - Je prie Dieu de me prêter longue vie afin d'assister à ce jour ! dit Djahida. Ce sera le plus beau jour de ma vie ! - À moi aussi ! Tous deux rient et quand son père, hadj Amari, entre un couffin à la main, il les regarde tour à tour. Il les salue et leur demande ce qui se passe. Il ne se fait pas d'illusion, Djaffar et sa mère sont complices depuis toujours et s'il y a quoi que ce soit, il apprendra la nouvelle de la bouche des autres. - Alors ? Vous et vos secrets, jusqu'à quand les garderez-vous pour vous puisque je les connaîtrais un jour ou l'autre ? - On parlait, répond Djahida. Tu te rappelles quand il était enfant, il adorait croquer les pommes. Celles qu'il volait chez nos voisins, dit-elle nostalgique. Quand il se faisait prendre, il criait si fort et j'intervenais toujours à temps pour qu'il ne se fasse pas punir ! - Et cela vous fait rire ? l'interroge hadj Amari. - Oui… Au fait, mon oncle Mehdi et sa femme te saluent, lui dit-elle. - Je ne comprends pas pourquoi vous êtes allés chez eux, dit le vieil homme. - Il est en relation avec leur fille, la pharmacienne, précise-t-elle. Elle leur avait envoyé une somme d'argent. Notre fils n'osait pas se rendre chez eux seul. C'est un brave petit ! Que Dieu l'aide à réaliser ses rêves ! - Et quels sont ses rêves ? lui demande-t-il alors que Djaffar ne tient plus en place. - Réussir en affaires, répond-il à la place de sa mère. Il faut que j'y aille ! - Reste encore un peu ! On va prendre le café ! - Non, une autre fois, promet-il à son père. Portez-vous bien et prenez soin de vous ! Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à m'appeler ! dit-il à son père en lui glissant quelques billets dans la poche de sa veste. Au revoir ! Il les embrasse et part vite. Hadj Amari, très ému, reconnaît, la voix grave, c'est vrai que c'est un brave petit ! La pension qu'il perçoit suffit à peine à tenir les deux premières semaines. Il aurait aimé conduire encore le camion de l'entreprise de ciment, où il avait travaillé pendant des années, mais la position assise avait eu raison de son dos. Il en souffre tous les jours. L'argent que lui donne son fils, aujourd'hui, leur permet de vivre à l'aise. Il est fier de lui. Tout comme sa mère. - De quoi parliez-vous tout à l'heure ? demande-t-il à Djahida. Pour une fois, tu pourrais briser le secret ? Il est mon fils et s'il y a quoi que ce soit dans l'air, j'aimerais bien le savoir ! Djahida est tellement émue qu'elle n'hésite pas à lui confier ce qu'elle pressent. - Je crois qu'il est attaché à cette fille et qu'il n'en a pas conscience. Je lui ai parlé de mariage et j'espère que cela le travaillera dans un coin de la tête ! - Incha Allah ! Les parents de Djaffar sont loin d'imaginer que ce dernier ne pense pas au mariage. Certes, il s'entend bien avec Yasmina, il aime passer du temps en sa compagnie. Il lui trouve bien des qualités en plus de sa nature obstinée mais il ne pense pas à se marier avec elle. Il se rappelle le jour où ils ont eu cet accident. Il y a eu plus de frayeur que de mal. À l'entrée de la ville, Yasmina avait perdu le contrôle de sa voiture et elle lui était entrée de plein fouet. Leurs ceintures de sécurité leur avaient évité de se blesser. Tous deux rient encore de leur querelle une fois remis de leur frayeur. - On devrait vous confisquer votre permis ! Vous avez failli nous tuer ! Des policiers étaient intervenus et une fois calmés, ils ont établi un constat. Tous deux connaissaient les noms de famille et ils savaient qu'ils ont un lien de parenté éloigné. Cela avait suffi à les réconcilier. Pour en savoir plus, ils ont marché tout en discutant. Stupéfaction, dans leur jeunesse, souvent invités aux fêtes de famille, ils se sont croisés plusieurs fois sans garder contact. Le hasard du destin a voulu qu'ils se croisent de nouveau, des années plus tard. Cela ne leur déplaît pas de se revoir. Ils apprécient leur relation amicale. Djaffar surtout… A. K. (À suivre)