Quand 29 pays asiatiques et africains décident de se réunir dans la station balnéaire indonésienne, Bandung, pour examiner les questions intéressant les pays et peuples dits du tiers-monde, dont la majorité subissait le joug colonial, l'administration coloniale française était loin de se douter de la participation d'une délégation du FLN. Elle l'était encore moins des résultats à l'issue de la conférence qui consacrera entre autres la cause algérienne à l'ordre du jour de l'AG de l'ONU quelques mois plus tard. La diplomatie algérienne, conduite par des jeunes loups de la trempe d'Aït Ahmed et de M'hamed Yazid, venait de marquer son entrée dans la cour des initiés. L'association Machaâl Echahid est revenue sur le sujet lors de la conférence organisée hier au Forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid. L'habituel historien et chercheur, Amer Rekhila, a retracé la participation, le parcours de cette participation diplomatique alors que l'Algérie, sous occupation française, venait de déclencher la guerre pour son Indépendance. Il faut dire que le travail avait commencé dès le début des années 1950, lorsque le MTLD tissait les contacts avec l'Egypte porte-drapeau de la nation arabe. Ben Bella, Aït Ahmed, Khider qui seront rejoints plus tard par M'hamed Yazid, tisseront les liens avec le leader Djamel Abdelnasser qui trouvera solution au dilemme posé à l'époque : sous quelle bannière admettre la délégation algérienne ? Le FLN qui n'était pas encore reconnu ou le MTLD ? Les deux représentants participeront finalement au même titre que les 600 participants. La conférence sera accueillie avec beaucoup de réserve par la France qui venait de subir une défaite à Dien Bien Phu alors que la Toussaint était célébrée par le déclenchement de la guerre de Libération en Algérie. Ce n'en était pas fini avec la déconvenue. Le communiqué final des travaux de la conférence met en relief dix principes dont la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays et surtout l'accélération des processus de libération des pays colonisés et la consécration des principes de coexistence pacifique dans le cadre du respect mutuel de la souveraineté de chaque Etat. Cette condamnation du colonialisme et de l'impérialisme, en particulier la France, considérée comme première puissance coloniale en Afrique, valut à cette dernière un camouflet qui s'avérera un débâcle avec l'inscription du droit du peuple algérien à l'Indépendance. “Il s'agit de la première occasion offerte à l'Algérie de faire entendre sa voix sur la scène internationale", dira dans ce sens Amer Rekhila, ajoutant que la conférence a mis en avant toute la force de la diplomatie algérienne à travers le réseau de relations internationales tissé par les représentants à cette rencontre avec les pays asiatiques, lesquels avaient fini par adopter la cause algérienne. Moudjahid et ancien diplomate, Salah Benokbi rappelle que la cause algérienne est déjà connue dès les préparatifs qui ont précédé la tenue de la conférence de Bandung. “Cette conférence a été une victoire pour l'Algérie sur la scène internationale, la cause algérienne devait constituer par la suite une question examinée dans divers rendez-vous internationaux. Mai tout cela c'était au prix de grands sacrifices", dira-t-il. A F Nom Adresse email