Le roi du Maroc désavoue sa promesse de laisser ses institutions jouer sur le mode de la démocratie, dont il n'arrête pas de faire la promotion en Occident. Encore une fois, Mohammed VI confie la transmission de son message sur la question du Sahara occidental au Secrétaire général de l'Onu à son conseiller, Taïeb Fassi Fihri. Et de nouveau, Saâdeddine El-Othmani, pourtant ministre des Affaires étrangères, est relégué au second plan sur un sujet qu'il n'a pas cessé de présenter comme "la priorité des priorités" pour lui, en tant que chef de la diplomatie marocaine. Cette mise à l'écart, selon des chancelleries étrangères à Rabat, n'est guère le fait du hasard, mais s'inscrit dans une ligne de conduite amorcée il y a quelques mois. Alors que les Etats-Unis soumettaient, mi-avril, au Conseil de sécurité, leur projet de résolution élargissant le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental, El-Othmani a vu l'arrivée non annoncée dans sa délégation de Taïeb Fassi Fihri et Yassine Mansouri, le patron de la DGED (la barbouzerie marocaine). Ces deux "yeux et oreilles" du Palais royal devaient par la suite accompagner le ministre dans ses déplacements à Londres et à Moscou. Depuis, le dossier du Sahara occidental a été retiré à El-Othmani pour laisser aux hommes du roi le soin de mener les négociations avec Washington. Le roi accuserait-il son ministre des AE de mollesse ? Toujours est-il qu'à Rabat, on souligne que sa mise à l'écart a sauvé in extremis le Palais royal d'un désastre diplomatique. Ce serait l'entrée en jeu du conseiller et des services qui aurait conduit Washington à édulcorer sa résolution faisant la part belle aux droits de l'homme dans le Sahara occidental occupé par le Maroc. Le barbouze en chef du Maroc avait négocié directement avec l'ancien patron du Conseil national de sécurité, Tom Donilon, remplacé depuis par Susan Rice, et John Kerry, qui avait refusé de rencontrer El-Othmani quelques jours auparavant. En fait, le ministre issu du parti islamiste qui conduit le gouvernement marocain n'est pas en odeur de sainteté auprès du roi depuis un bon bout de temps. Même le Maghreb échappe au contrôle du PJD. Le retrait de confiance au ministre des AE intervient au moment où la crise gouvernementale marocaine est à son troisième mois. Mohammed VI, qui est rentré de son long séjour en France où il a été soigné, n'a toujours pas tranché entre élections législatives anticipées ou remaniement ministériel. La crise a éclaté lorsque le parti historique El-Istiqlal a retiré ses cinq ministres du gouvernement de coalition mené par Benkirane du PJD. L'Istiqlal, proche du Palais, accuse les islamistes de ne chercher qu'à islamiser le pays du "commandeur des croyants". D. B Nom Adresse email