Pour lui, ils sont incarcérés dans cette prison de triste mémoire par les forces américaines sans avoir été jugés. Dans un entretien donné hier à l'APS, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), a défendu les Algériens croupissant dans la prison de Guantanamo et ceux détenus dans des prisons irakiennes. Affirmant, catégorique, que les sept Algériens détenus à Guantanamo "n'ont commis aucun crime", Me Ksentini qualifie cette détention d'"étrange et arbitraire". Il a rappelé que "ces prisonniers ont été incarcérés sans jugement dans cette prison par les forces américaines". Par ailleurs, la CNCPPDH ne détient "aucune information" concernant le transfert de deux prisonniers algériens de Guantanamo vers l'Algérie, comme cela a été rapporté par certains médias. "Nous sommes en train d'établir des contacts avec des ONG américaines des droits de l'Homme pour le suivi de ce dossier", a-t-il promis. En revanche, le président de la CNCPPDH a regretté le fait que le président américain Barack Obama "n'ait pas respecté son engagement de fermer la prison de Guantanamo, comme il l'avait promis lors de sa campagne électorale". Ceci, tout comme il a exprimé, par ailleurs, son "inquiétude" sur le sort réservé aux Algériens détenus dans des prisons irakiennes. "Je suis inquiet au sujet de ces Algériens du fait de l'entêtement des autorités irakiennes et de la détérioration de la situation sécuritaire dans ce pays", a-t-il regretté. Selon le témoignage d'un détenu rencontré par le président de la CNCPPDH, les détenus, en Irak, vivent dans "un perpétuel danger et craignent le pire", notamment après les attaques ayant ciblé les prisons d'Abou Ghreib et Al-Naji d'où plus de 500 prisonniers s'étaient évadés. Actuellement, il y aurait une dizaine de ressortissants algériens à croupir dans des prisons irakiennes. Un Algérien, condamné à mort, a déjà été exécuté. "La drogue est une arme utilisée contre l'Algérie" L'autre sujet abordé par Me Ksentini est le fléau de la drogue qui, selon lui, est devenue une arme utilisée contre l'Algérie. "La drogue est devenue une arme qu'on utilise contre l'Algérie et il est du devoir de l'Etat algérien de se prémunir contre ce fléau à travers des décisions fermes pour protéger aussi bien sa population que son économie", a-t-il estimé, rappelant que son institution avait déjà tiré la sonnette d'alarme, depuis plusieurs années, sur les dangers du fléau de la drogue qui porte atteinte à la santé publique. "Il ne se passe pas un jour sans que des dizaines de jeunes soient arrêtés pour consommation de drogue, au moment où des affaires liées à ce phénomène passent constamment devant les tribunaux", a regretté Me Ksentini qui ne nous apprend pas grand-chose sur ce sujet. Me Ksentini estime que le trafic de drogue affecte l'économie du pays, puisque, dit-il, "les stupéfiants entrent en Algérie en contrepartie de produits alimentaires subventionnés par l'Etat". L'allusion est claire. Me Ksentini ne laisse aucun doute sur le fait que le Maroc soit le premier pourvoyeur de la drogue dans la région. "La communauté internationale sait pertinemment que le Maroc, voisin de l'Algérie, est un pays producteur et exportateur de la drogue", a-t-il rappelé. Ksentini s'étonne que des voix s'élèvent pour réclamer la réouverture des frontières avec le Maroc, alors que le trafic de drogue bat son plein. "Dans ces conditions, nous ne pouvons pas rouvrir nos frontières, dans la mesure où des tonnes de drogue continuent d'entrer en Algérie", a-t-il jugé. Dans la foulée, il a insisté sur "l'urgence" de lutter efficacement contre ce fléau à travers notamment la révision de la loi 2004 relative à la lutte contre les crimes liés à la drogue. "Nous ne demandons pas l'abrogation de la loi de 2004, mais son amélioration à travers la révision de quelques dispositions, notamment celles relatives à l'aspect pénal", a-t-il plaidé, jugeant "anormal qu'on réserve la même sanction à celui qui vend 250 grammes de drogue qu'à celui qui en commercialise 20 tonnes". F A Nom Adresse email