La bataille autour du contrôle du FLN est relancée de plus belle avec l'octroi du ministère de l'Intérieur à Boumahdi l'autorisation pour la tenue de la réunion du comité central. Réaction immédiate du coordinateur du parti, Abderrahmane Belayat, à l'annonce de la "surprise". "Je ne suis pas au courant et personne ne m'a informé", avant d'envoyer un communiqué dans lequel il dénonce le procédé "illégal" du ministère de l'Intérieur qui accorde l'autorisation à une personne non habilitée et en contradiction avec le règlement intérieur du parti. Il avertit contre le risque de voir le parti se scinder en deux avec deux têtes. Car, menacent les autres membres du CC hostiles au camp de Boumahdi, si cette réunion est maintenue, ils tiendront la leur et éliront eux aussi un nouveau secrétaire général. L'alerte a été donnée dès que l'information est sortie. Le siège central du parti a soudainement connu un mouvement inhabituel. Rappel des troupes dès jeudi. Certains membres du CC ont dû écourter leurs vacances pour venir manifester leur soutien à Belayat. L'ambiance était plutôt à la colère après la surprise. On accuse même Saïdani et ses sponsors d'être derrière cette opération que M. Cherrar, ancien député et membre du CC, qualifie "d'acte de piraterie". "Si c'est la scission qu'ils veulent, on ira vers la scission", dit-il sous la colère. "Nous ne laisserons pas faire, nous ne les laisserons pas prendre le contrôle du parti", a-t-il ajouté. Il a, par ailleurs, déploré le retournement de Boumahdi, désormais, selon lui, instrumentalisé par le groupe de Saïdani. Boumahdi a essayé de contacter les membres du CC pour les informer de l'autorisation pour la réunion. Les répliques ont été sèches et sans équivoque. On lui reproche d'avoir agi individuellement et pour le compte du camp des milliardaires qui veut accaparer le parti et le détourner de sa ligne originelle pour le consacrer à des intérêts personnels. Outre ces reproches, les contestataires et fidèles au règlement intérieur du parti relèvent des anomalies dans la demande de Boumahdi et toute la procédure. On apprend ainsi que la demande aurait été signée par trois membres du CC, à savoir Hassani, Djemaï et Alioui, le patron de l'Union des fellahs, UNPA, dont le mandat a expiré il y a une année. Le premier est membre du CC mais son siège est gelé depuis longtemps et ne peut de ce fait, selon nos interlocuteurs, faire la demande en tant que membre. Le règlement intérieur, dont le ministère de l'Intérieur exige trois copies pour accompagner la demande, exige les signatures authentifiées des deux tiers des membres dans le cas d'une session extraordinaire. Or, dans ses déclarations publiques, Boumahdi, relèvent-ils encore, évoque 186 signatures, ce qui est loin du compte. Il est exigé 214 signatures des membres du CC pour faire les deux tiers. L'on apprend également que nombre des signatures ont été apposées sur la base d'un texte appelant Belayat à convoquer et fixer la date de la réunion du CC et non pour appuyer une demande auprès du ministère de l'Intérieur. Et elles ne sont pas authentifiées comme le stipule le règlement intérieur dont l'article 9, comme le rappelle souvent Belayat, précise que seul le coordinateur est habilité à convoquer la session. Un délai de 15 jours est aussi exigé pour la convocation de la session alors que Boumahdi en choisissant les 29 et 30 août, enfreint à la règle. Pour parer à cette "tentative de hold-up et de viol", comme dit M. Cherrar, une réunion urgente du bureau politique est prévue pour aujourd'hui afin de préparer une réaction et une riposte. Cette situation a le mérite, cependant, malgré sa complexité, de réunir dans un même rang les autres ailes du parti contre le camp dit de Saïdani. Cela dit, des voix commencent déjà à appeler à la sagesse devant le danger de la désintégration du FLN. En effet, pour éviter l'enlisement et l'affrontement, certaines voix ont appelé à accepter l'autorisation de tenir la session mais en repoussant la date de sa tenue. D B Nom Adresse email