Netanyahu renonce à un projet de colonies en Cisjordanie. À voir pour les Palestiniens habitués aux volte-face du Premier ministre israélien dont le refus d'un Etat palestinien n'est pas un secret et qui a poussé jusqu'à ses limites le morcellement de la Cisjordanie, la transformant en une suite de petits morceaux sans continuité géographique, s'inspirant des homelands de l'Afrique du Sud raciale. Et si "bibi" (surnom de Netanyahu) l'a fait aujourd'hui, c'est sous la pression internationale, notamment de l'Union européenne relayée par Washington. Le projet de 24 000 logements supplémentaires dans les colonies de Cisjordanie et à Jérusalem-Est révélé par l'association israélienne "La paix maintenant" et par un journal israélien, avait fait l'effet d'une bombe, ravivant la colère des Palestiniens, menaçant de mettre fin au processus de paix et l'inquiétude des Etats-Unis, parrain direct de sa relance. Pour se donner bonne contenance, Netanyahu a expliqué au secrétaire d'Etat américain que ce projet a été fait sans sa concertation ! En réalité, il a été trop loin dans ses mises au défi de son principal allié stratégique que sont les Etats-Unis et qui lui ont imputé en grande partie l'échec de l'accord attendu la semaine dernière à Genève sur le nucléaire iranien. On rappelle que la France y avait mis son veto sous la pression de Netanyahu. François Hollande qui doit se rendre prochainement en Israël ne souhaitant pas voir sa visite compromise, s'était fait volontiers porte-parole de la propagande israélienne sur la bombe atomique iranienne. C'est donc pour ne pas froisser son allié américain que "bibi" a fait marche arrière. Soulagement à la Maison- Blanche et au département d'Etat qui avaient exprimé leur surprise et leur inquiétude à l'annonce du demi-millier de logements. John Kerry, dans une interview à la télévision israélienne la semaine dernière, avait critiqué sévèrement la politique des implantations qu'il considère comme "un obstacle majeur dans les négociations". Le secrétaire d'Etat qui ne compte guère jusqu'à présent de succès diplomatiques aimerait que son nom soit attaché à la signature d'un accord de paix israélo-palestinien. Cependant, ce sujet de la colonisation reste sur la table. Le ministre hébreu de l'Energie Sylvan Shalom a déclaré qu'"il n'y avait pas de quoi faire toute une histoire des 24 000 logements en projet. Nous continuerons à construire en Cisjordanie, c'est la politique déclarée du gouvernement et du Likoud", le parti de Benyamin Netanyahu. La porte-parole de John Kerry, Jen Psaki, ne s'y est pas trompé en soulignant que la question des colonies ne devait pas empêcher la poursuite des pourparlers de paix. Et ce n'est pas le retour au ministère israélien des Affaires étrangères du raciste et xénophobe Lieberman qui absoudra Netanyahu. Lieberman a été acquitté par un tribunal de Jérusalem, il avait dû démissionner de ce même poste en décembre 2012, accusé d'avoir nommé un ambassadeur en Lettonie en échange d'informations policières confidentielles sur une enquête diligentée contre lui. Netanyahu lui avait réservé son portefeuille : "Il m'a manqué", avait-il déclaré à son acquittement, soulignant : "Nous avons beaucoup de travail". Le retour de Lieberman constitue un coup dur pour le secrétaire d'Etat américain qui tente de sauver des négociations israélo-palestiniennes en crise. De son côté, le négociateur Saëb Erakat a indiqué que le président palestinien Mahmoud Abbas a prévenu mardi que "si Israël ne revenait pas sur ses nouvelles décisions de construction dans les colonies cela signifierait l'annonce officielle de la fin du processus de paix". Le négociateur palestinien a précisé avoir engagé "des consultations urgentes avec le secrétaire général de la Ligue arabe et le comité de suivi de la Ligue arabe et le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU)". "La direction palestinienne va étudier dans les toutes prochaines heures l'option de se tourner vers le Conseil de sécurité et d'adhérer à des organisations internationales si Israël ne revient pas sur ses nouvelles décisions de colonisation", a-t-il ajouté. D. B Nom Adresse email