Les employés de la Société de gestion de la gare routière d'Alger, Sogral, protestent contre la nomination à la tête de leur entreprise d'un directeur sur la base de son appartenance à la formation politique du ministre de tutelle. Ce détournement partisan d'une prérogative légale du Conseil d'administration, assez courant dans le secteur public, est, ici, mis au service de la stratégie dite "d'entrisme" mise en œuvre par le MSP dès son adhésion à l'alliance de pouvoir. Le TAJ n'étant en effet qu'un démembrement de l'ex-Hamas, créé par Ghoul pour perdurer dans le gouvernement, il était naturel que l'on continue à cultiver cette espèce d'article 120 du multipartisme. Le MSP et son fragment resté à l'Exécutif après la mise à l'écart de Bouguerra Soltani n'ont pas inventé le sectarisme politique dans le placement de têtes de pont "militantes" au niveau des institutions et dans la promotion des cadres, mais ils semblent en avoir fait une règle. Une règle qui fait désormais jurisprudence. Par crainte de représailles administratives, les gestionnaires des entreprises concernées assument souvent les interférences tutélaires dans les recrutements et couvrent parfois la pratique des emplois fictifs, même s'ils s'en plaignent sourdement. La culture du favoritisme politique et népotique ne concerne pas le seul chapitre de l'emploi. L'on se rappelle que bien des proches du parti islamiste, et de ses responsables, et de son premier responsable en particulier, s'étaient découvert des vocations maritimes au moment même où le ministère de la Pêche inaugurait un programme de relance de la pêche. Alors qu'un syndicat dénonce le parachutage politicien dans l'actuel secteur d'activité sur lequel règne Ghoul, le tunnel de Djebel El-Ouahch s'effondre, comme un nouveau témoignage de la malfaçon qui a marqué "le projet du siècle" dont le ministre avait la charge. La simultanéité de l'affaissement de l'ouvrage et de la fronde syndicale de Sogral parle d'elle-même : le management de coterie a ses contrecoups techniques et économiques. L'autoroute est-ouest qui, décidément, n'en finit pas de se révéler être un gouffre financier en même temps qu'un modèle de malfaçon, continue à faire la démonstration de l'erreur consistant à traiter les différents secteurs économiques comme autant de concessions politiques distribuées sur l'autel d'une solidarité inter-clanique. Les activités soumises au "modèle turc" ont souffert du statut de concessions idéologiques où prospèrent les entraides de paroisse. Et l'encadrement économique du secteur public a été trop éprouvé par la primauté des accommodements politiques sur le principe d'efficacité technique et commerciale. Depuis que le protectorat politique a remplacé le fonctionnement hiérarchique, l'activité publique d'équipement, de production et de services est marquée par ce double fléau : la médiocrité qualitative de ses "réalisations" et la suspicion qui entoure ses opérations commerciales. Il sera peut-être bientôt temps de cesser de se partager les secteurs d'activités en territoires de clan et de libérer l'entreprise et l'économie publiques de cette fonction malsaine et contreproductive de monnaie d'échange entre cercles politiques. M. H. [email protected] Nom Adresse email