Résumé : Hassen regrette son passé. Il vit sur les débris d'un foyer brisé. Il pense divorcer pour épouser Camélia, mais cette dernière, malgré ses sentiments, tente de le raisonner. En vain. Hassen est convaincu qu'elle est la femme idéale... Elle, par contre, est toujours célibataire parce qu'elle n'est qu'une idiote romantique. Il sourit : -Je ne vois aucun mal là-dedans... Tu es une sentimentale, voilà tout. Ce n'est pas tout le monde qui comprend ça. -Sauf des êtres comme toi... Il hoche la tête : -C'est dans la déception qu'on reconnaît ses erreurs. Une fois vacciné, on ne doit plus en refaire. Il sourit : -Camélia... Tu me plais tant. Moi aussi je suis un incorrigible sentimental, mais cette fois-ci, je suis certain de ce que j'avance. Elle se lève : -La nuit va nous surprendre, je dois rentrer. J'ai du travail. Il se lève aussi, et la suit vers la sortie : -Je présume que tu travailles une bonne partie de la nuit. C'est toujours en pleine nuit qu'on est le mieux inspiré pour écrire... -Oui, je préfère travailler la nuit... D'abord c'est plus calme que dans la journée, ensuite on n'a pas besoin de se donner trop de mal, il suffit parfois de taquiner ses idées pour revivre un évènement et le transcrire. -C'est magnifique ! Elle repense à Omar. Elle ne l'avait ni revu ni rappelé. Il se donnait tant de mal pour la rendre heureuse qu'elle avait pitié de lui. Va-t-elle faire comme Hassen, et l'épouser par compassion? Ils étaient arrivés devant la voiture, et ce dernier lui ouvrit la portière : -J'aurais voulu prolonger notre sortie... -Désolée, pas pour cette fois-ci, je dois absolument avancer dans mon récit. -Je l'ai compris Camélia, mais promets-moi de me contacter dès que tu auras un moment à toi. -Promis... Je ne sais plus si je pourrais m'abstenir de t'appeler désormais. Il sourit : -Ta franchise me réchauffe le cœur, je me sens heureux comme pas un ce soir. Il démarre et la dépose une heure plus tard pas loin de son immeuble. Pour une première sortie, Camélia n'était pas trop déçue, mais elle était loin de l'euphorie qui s'était emparée d'elle auparavant. Les révélations de Hassen l'avaient refroidie. Il lui avait souhaité une bonne soirée, en réitérant son souhait de la revoir. Camélia se sentit comme perdue au milieu d'un océan. Pour rien au monde elle n'aimerait être la goutte débordante d'un vase de conflits dans le ménage de Hassen. Ce dernier avait enlevé son alliance pour lui faire plaisir, pour lui prouver que plus rien ne comptait pour lui, que cet anneau qui représentait un lien, il l'avait tout bonnement enlevé. Mais pour la femme avisée qu'elle était, elle savait que ce geste était anodin... Ce n'est pas en l'ôtant que Hassen allait régler tous ses aléas. Elle avait rejoint sa chambre tel un automate. Elle savait qu'elle ne pourrait pas fermer les yeux de la nuit si elle ne se mettait pas tout de suite devant son ordinateur pour avancer dans son récit. L'inspiration venait plutôt dans des moments où on est censé être en forme et prêt à affronter les effluves de l'imagination et de la créativité. Mais pour ce soir, Camélia voulait coûte que coûte travailler, écrire, faire quelque chose pour oublier la triste réalité. Elle ne cessa de penser à Hassen, si beau, si intelligent, mais si malheureux. Elle tente de dominer ses émotions, pour mettre de l'ordre dans ses idées et travailler sur son récit. Elle devrait regrouper tous les "passages" qui taraudaient son esprit, afin de pouvoir construire un nouveau paragraphe. Dans la vie, les paragraphes sont très complexes. Elle avait voulu vivre en organisant son existence comme elle l'entendait. Elle avait toujours été attirée par l'inconnu, par les pays lointains, les cultures des grands peuples du monde, les rituels et les croyances populaires. C'était pour elle un grand plaisir de fouler chaque fois un sol nouveau. Avec sa curiosité à fleur de peau, elle n'avait aucun mal à s'immiscer dans les rouages complexes des traditions, des us et des coutumes de ces pays qu'elle avait visités au debut de sa carrière journalistique. Elle s'étire, avant de se remettre à pianoter sur son clavier. Que ressent-on lorsqu'on est amoureux pour la première fois, et que cet amour semble impossible ? Elle avait écrit la phrase d'une seule traite, les mots étaient venus seuls. Un petit brouillard s'empare de ses sens, elle se sentit comme paralysée par cette révélation qu'elle venait de se faire à elle-même. L'amour qu'elle ressentait pour Hassen mourra sûrement dans l'œuf... Elle se passe une main sur le visage : si vite venu, si vite parti. Un dilemme pour un cœur franc et vierge comme le sien. Une découverte qui aurait pu la requinquer et lui donner des ailes. Hélas ! c'était le contraire qui s'était produit. Encore une autre phrase qui va la laisser pantoise ! (À suivre) Y. H. Nom Adresse email