Pour eux, Bouteflika bénéficie d'un traitement de faveur. Les vieux réflexes ont la peau dure. Les Algériens, notamment les téléspectateurs, les auditeurs et les lecteurs éventuels de la presse publique, l'ont redécouvert, à leurs dépens, en ce début de campagne électorale, que d'aucuns présentent pourtant comme "décisive" pour le pays. Ainsi, plusieurs citoyens ont dû remarquer que la couverture médiatique réservée par les médias publics pour cette campagne ne s'est pas encombrée de scrupule dans son soutien avéré à un candidat. Partiale et partisane, tels sont les qualificatifs qu'ils n'hésitent pas à attribuer à cette couverture pour dénoncer un parti pris flagrant pour le Président-candidat. Il faut rappeler aussi que les militants du mouvement Barakat ont dénoncé, lors du sit-in tenu avant-hier devant le siège de l'ENTV, l'attitude des médias publics, qui se sont transformés, ont-ils accusé, "en un instrument de propagande au profit de Bouteflika". Même réaction chez les candidats. On note que Moussa Touati et Ali Benflis ont dénoncé le black-out médiatique qui les frappe de la part des médias publics. Ali Fawzi Rebaïne n'est pas en reste, puisqu'il a, lors d'une conférence de presse tenue quelques jours avant la campagne, interdit à la télévision officielle de couvrir ses activités pour dénoncer l'inaccessibilité de ce média lourd à son parti, Ahd 54. Hier, c'était au tour de la Commission nationale de surveillance des élections, composée des représentants des candidats, de monter au créneau pour dénoncer cette situation. Les membres de cette commission ont fait état de dépassements enregistrés dans la couverture de la campagne par les médias publics. Le traitement réservé au Président-candidat n'est pas du goût des représentants des cinq candidats. Pour eux, Bouteflika bénéficie d'un traitement de faveur, alors que "la logique veut que les médias publics traitent avec égalité tous les candidats". Karim Lebcheri, représentant de Louisa Hanoune au sein de la Commission, a dénoncé le prolongement donné par les médias publics à la lettre de Bouteflika, où "le Président-candidat a fait son bilan" pour les besoins de campagne. Celle-ci a été relayée par tous les médias publics. La télévision a fait lecture du contenu entier de la lettre au JT, de même qu'elle a été diffusée dans sa totalité par l'APS. Pour les représentants des cinq prétendants à la magistrature suprême, ce traitement est un parti pris flagrant pour un candidat au détriment des autres. "Ce sont des médias publics, financés par l'argent des Algériens, y compris celui des candidats", a dénoncé le représentant de Mme Hanoune sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, hier. Il a informé que le directeur de l'ENTV, le Premier ministre par intérim, le ministre de la Communication et les membres de la Commission nationale de supervision des élections composée, pour rappel, de magistrats ont été saisis officiellement en guise de protestation. Pour les membres de la Commission nationale de surveillance des élections, cette manière de faire chez les médias publics relève du "manque d'éthique" et "contredit les engagements pris par le chef de l'Etat à la veille de la campagne électorale", lorsqu'il avait assuré que la course à El-Mouradia sera transparente et libre. L'invité de la rédaction de la Chaîne III a dénoncé aussi la surmédiatisation des partisans du Président-candidat. Pour lui, il est inconcevable que les ministres qui font campagne pour leur candidat bénéficient d'autant de privilèges dans les médias publics, alors que concernant les autres, "seuls les candidats sont médiatisés". Interrogé sur le rôle des télévisions privées qui ne sont pas, à vrai dire, astreintes à une gestion légale dans leur traitement des sorties des candidats, M. Lebcheri a appelé au respect de l'éthique et du métier d'informer. M M Nom Adresse email