Washington va envoyer quelque 600 soldats dans les prochains jours en Pologne et dans les pays baltes pour des "exercices" visant à rassurer ses alliés européens. Un casus belli aux yeux de Moscou. Un remake de la «guerre froide» ? Une compagnie de 150 hommes de la 173e brigade aéroportée de l'armée américaine, basée en Italie, est depuis mercredi en Pologne, au moment où le vice-président américain foulait le tarmac de Kiev, capitale de l'Ukraine. Dans les prochaines 72 heures, environ 450 hommes se rendront en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, pour des "exercices" qui doivent avoir lieu au cours des "prochaines semaines et au-delà", a déclaré le contre-amiral John Kirby, porte-parole du Pentagone. "Depuis l'agression russe en Ukraine, nous étudions tous les moyens possibles pour rassurer nos alliés et nos partenaires", a-t-il ajouté, soulignant que la décision américaine d'investir l'Europe de l'ex-URSS est l'expression concrète des obligations qui lient les Etats-Unis en matière de sécurité en Europe, dans le même temps un "message" adressé à Moscou. Le contre-amiral est plus explicite que le vice-président qui s'est contenté lui de sa présence sur le théâtre du bras de fer avec Vladimir Poutine et de paroles de compassions à l'égard des autorités de Kiev. Le déploiement des contingents militaires américains va durer un mois, à l'issue duquel ils seront relevés par d'autres. L'Europe centrale va ainsi vivre au gré des norias des forces de l'US Army, et le Pentagone n'a pas exclu que des exercices puissent se dérouler dans d'autres pays membres de l'Otan dans la région. Enhardi par la venue des militaires US, le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a annoncé la reprise de l'opération "antiterroriste" dans l'Est de l'Ukraine, suspendue avant Pâques, et estimé que les activistes pro-russes avaient "franchi la ligne rouge". Il a expliqué avoir pris cette décision après la découverte de corps de deux hommes "sauvagement torturés" dont l'un appartiendrait à Volodymyr Rybak, un élu local du parti pro-occidental Batkivchtchina de Ioulia Timochenko, auquel il appartient également. Ioulia Timochenko se prépare activement à l'élection présidentielle programmée pour mai, mais il lui reste à convaincre les électeurs dont la majorité reproche à l'égérie de la révolution Orange de 2006, première tentative d'adhésion de l'Ukraine à l'Occident, son affairisme. Autre signe des tensions, un avion militaire ukrainien a été touché par des tirs depuis Slaviansk, ville de l'Est aux mains des insurgés pro-russes. Ces incidents ont survenus alors que Joe Biden, le vice-président américain, a appelé la Russie à "passer des paroles aux actes" après le compromis international jeudi dernier à Genève entre la Russie, les Etats-Unis, l'Ukraine et l'Union européenne. Kiev devra cependant se contenter d'une assistance de 50 millions de dollars, une goutte d'eau par rapport à la menace de faillite de sa trésorerie avec l'échéance de la facture de gaz de 2 milliards que lui réclame le Kremlin, fixée à la fin de ce mois. Une goutte d'eau également en comparaison aux milliards promis par l'Union européenne et les Etats-Unis. En fait, les 50 millions de Biden, c'est tout juste pour aider au fonctionnement du scrutin du 25 mai, échéance que le vice-président américain perçoit comme "l'élection la plus importante dans l'histoire de l'Ukraine". D. B Nom Adresse email