Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui devait renouveler le programme “Pétrole contre nourriture”, en a limité la durée à neuf jours seulement. Que cache cette décision ? Alors que l'Irak semble collaborer pleinement avec l'ONU suite à la résolution 1441 sur son désarmement, voilà que le conseil de sécurité remet en cause le programme “Pétrole contre nourriture”, qui permettait à ce pays de financer l'aide humanitaire dont il avait besoin. Ce programme a été institué par l'ONU, il y a six ans, suite à l'effondrement du niveau de vie en Irak et à l'apparition d'épidémies et de la famine. Les revenus pétroliers ont permis de porter la ration alimentaire à 2 200 kilocalories contre 1 200 au début des années quatre-vingt-dix. Plusieurs maladies, dont le choléra, le paludisme, la rougeole, la méningite et la tuberculose, ont reculé. Le renouvellement, lundi soir, à New York par le Conseil de sécurité pour une durée très limitée (neuf jours) du programme “Pétrole contre nourriture” soulève beaucoup d'interrogations, car il s'apparente à du chantage. Qu'attend de particulier l'ONU du régime de Saddam Hussein pour aller jusqu'à remettre en question une mesure humanitaire qui a énormément contribué à alléger les conditions de vie du citoyen de ce pays meurtri par la guerre ? La question s'impose d'autant plus que la reconduction du programme pour 180 jours ne devait être qu'une simple formalité. Le vote, qui était prévu dans la matinée de lundi dernier, a été reporté l'après-midi sans raison, comme pour aboutir à une durée très restreinte. Le renouvellement était impératif, car le programme arrivait à expiration dans la même journée. Le compte-rendu du chef des inspecteurs Hans Blix aurait-il influé sur le vote ? Ce n'est pas exclu, même si un diplomate américain auprès de l'ONu a affirmé que le Conseil de sécurité n'attendait “rien de spécial, il devrait s'agir d'un compte rendu général”, pour savoir si Blix avait obtenu à Bagdad la coopération dont il a besoin pour faire son travail. Une chose est sûre, la décision du Conseil de sécurité n'est pas fortuite et ressemble beaucoup plus à un moyen de pression supplémentaire sur le régime irakien. Mais pour aboutir à quoi, alors que sur le terrain la mission onusienne ne rencontre aucun blocage ? En effet, c'est aujourd'hui que la centaine d'inspecteurs entamera ses travaux de contrôle. Jusqu'à preuve du contraire, la mission onusienne a été préparée dans les meilleures conditions avec la collaboration nécessaire des autorités locales. Ce n'est qu'une fois les inspections commencées que d'éventuelles difficultés pourront être décelées, si Bagdad met des bâtons dans les roues des agents de l'ONU. En attendant, il aurait été plus judicieux d'améliorer les relations entre les deux parties pour la bonne marche de l'opération, qualifiée de très importante pour l'avenir de toute la région. “Il s'agit d'un test absolument crucial. La coopération est essentielle pour la réussite des inspections”, a déclaré Mme Fleming, porte-parole de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Les inspecteurs ont soixante jours devant eux à partir d'aujourd'hui pour remettre leurs conclusions au Conseil de sécurité de l'ONU. Pour rappel, la précédente mission avait été interrompue en 1998 parce qu'elle n'avait pu mener à terme son travail après une période de grande tension avec le gouvernement irakien, qui affirmait que la majorité des inspecteurs de l'époque étaient des agents de la CIA. Pour montrer sa bonne foi, le régime de Saddam Hussein est allé jusqu'à restituer au Koweït, le mois dernier, les archives dont il s'était emparé lors de l'occupation de cet émirat en 1990 par l'Irak. K. A.