Accusé de corruption et d'incompétence par l'opposition, l'ANC reste le parti de cœur de millions de Sud-Africains, qui estiment que c'est à la formation politique de Mandela qu'ils doivent leur liberté. L'ANC, le parti de Nelson Mandela, au pouvoir depuis 1994, a encore gagné ces élections, malgré le climat tendu dans le pays de la nation arc-en-ciel et les scènes de violence urbaine quasi quotidiennes dans les townships les plus pauvres. Mais, avec des scores en recul par rapport au dernier scrutin législatif. À 72 ans, le président Jacob Zuma sera reconduit pour un second mandat de cinq ans. En effet, ce sont 400 députés élus qui eux-mêmes désigneront le prochain chef de l'Etat le 21 mai. L'ANC plafonne à 62% des voix, contre 70% cinq ans plus tôt. Il paye le mécontentement d'une partie de la population, la génération des "born free", nés libres après la chute du régime ségrégationniste de l'apartheid en 1994, a pratiquement boudé le vote. Accusé de corruption et d'incompétence par l'opposition, l'ANC reste donc pour des millions de Sud-Africains la formation qu'a incarnée Nelson Mandela, celle de la lutte contre le régime ségrégationniste de l'apartheid à qui ils doivent leur liberté. Pourtant, l'état de grâce du "miracle sud-africain" des années Mandela est oublié depuis longtemps. Les quartiers les plus pauvres s'enflamment régulièrement, généralement pour réclamer un accès à l'eau ou à l'électricité, dénoncer l'incurie des élus locaux, réclamer des emplois ou revendiquer un niveau d'éducation dans le service public. Le quart de la population est au chômage, et le quart des habitants ne mangent pas à leur faim. L'économie a régressé puisque le Nigeria a pris la place de premier dans le classement en Afrique. Jakob Zuma qui traîne de multiples casseroles est assuré de gérer le pays pour son second quinquennat consécutif, sans trop avoir à craindre de l'opposition, son parti disposant toujours d'une majorité claire dans l'Assemblée législative. La dernière casserole en date est la rénovation de sa résidence privée aux frais du contribuable pour 15 millions d'euros. Derrière l'ANC, le principal parti d'opposition, la DA (Alliance démocratique), a réussi son pari de progresser encore pour passer la barre des 20%. Sa leader, Helen Zille devrait rester Premier ministre du Cap occidental, la prospère province du sud-ouest dont Le Cap est la capitale et la seule sur neuf que ne contrôle pas l'ANC. Le parti radical populiste de Julius Malema, EFF (Combattants pour la liberté économique), est en troisième position au niveau national avec 5,3%. Nouveau venu dans le paysage politique, l'EFF prône la nationalisation des banques et des mines, l'expropriation sans indemnisation des grands propriétaires terriens blancs, et une redistribution radicale des richesses. Son populisme a fait chou blanc. Parmi les grands perdants du scrutin, Cope, un parti issu d'une scission de l'ANC qui avait remporté 7,4% des voix en 2009 et n'en aurait plus que 0,7%, épuisé par des luttes intestines. La victoire, l'ANC se l'est assurée pour la cinquième fois consécutive pour divers raisons : le charisme encore frais de son fondateur, le géant Mandela, la faiblesse d'ancrage des partis rivaux, et surtout le fait que malgré tout, beaucoup de progrès ont été accomplis ces vingt dernières années : 96% des ménages ont maintenant accès à l'eau potable contre 62% en 1994, 87% à l'électricité contre 58%, le taux de criminalité effrayant a baissé. Il y a moins de bidonvilles, une classe moyenne noire a émergé, mais l'Afrique du Sud post-apartheid est restée un pays profondément inégalitaire, où les Blancs ont toujours un meilleur accès aux capacités du pays, profitant de ses richesses. D. B Nom Adresse email