En septembre prochain, l'Algérie sera l'invitée d'honneur de la Foire européenne qui se déroulera à Strasbourg. Né dans la belle oasis de Timimoun, l'atelier Tigurarin a travaillé au cours des sept dernières années à mettre en valeur le très beau patrimoine de tissage du Gourara et faire revivre, ainsi, le tapis de la région, égaré depuis longtemps, en proie aux vicissitudes du temps. C'est l'œuvre de l'association alsacienne Trait-d'union, partenaire de l'association algérienne Adea qui, dans un geste d'amour et de fraternité, mène une croisade contre la déperdition de ce trésor local ressuscité par les tisserandes de Timimoun aux doigts de fées. Mais c'est aussi et surtout grâce à une recherche minutieuse effectuée par le couple Jean-Pierre et Marie-Claire Radigue qui se consacrent pleinement et avec beaucoup de générosité à ces lieux et ces gens qu'ils chérissent tant. Ramener à la vie le tapis de Timimoun n'a pas été une mince affaire, mais la persévérance finit par payer et révéler un patrimoine d'une grande beauté chargé d'histoire et de symbolique, remis au goût du jour également grâce aux conservatrices des musées d'Alger et leurs adjoints. Peu à peu, l'initiative arrive à se frayer un chemin et voir se greffer au projet initial une solide formation aux techniques de la teinture, d'abord synthétique puis végétale des laines. Dès 2012, l'atelier s'est totalement spécialisé dans les pigments naturels de façon à ce que les tisseuses-teinturières disposent, à présent, d'une vingtaine de plantes dont certaines viennent d'être remises en culture par des familles d'agriculteurs dans les ksour des environs. Une aventure humaine qui se poursuit encore, aujourd'hui, avec le précieux concours de Khadija Seddiki qui s'est lancé un défi : tenter d'apporter sa contribution à la nécessaire évolution du tissage patrimonial pour le rapprocher des goûts contemporains. Artiste peintre de son état mais aussi lissière, Khadija Seddiki habite à Sèvres (dans la région parisienne) ; elle a appris le tissage avec sa maman à El-Bayadh où elle est née. A l'atelier Tigurarin, tous les ingrédients étaient réunis pour une pleine réussite de l'opération agrémentée par la touche de l'artiste au grand talent. Excellente pédagogue, arabophone, Khadija sait mieux que quiconque transmettre les valeurs et le sens artistique hérités de sa culture et de son passé. "Avec l'aide de Khadija, nous avons appris des techniques de tissage toutes nouvelles. Nous avons appris à chiner les laines, à réaliser des obliques et des dégradés", témoignent les tisserandes de Timimoun, et de poursuivre : "Khadija nous a appris à nourrir notre intuition artistique au contact de notre environnement, des couleurs chaudes du désert, de l'âme profonde des palmeraies. Nous sommes devenues aujourd'hui, nous pouvons le dire, de véritables créatrices de tapisserie d'art." Et c'est d'ailleurs au regard de cette avancée que les œuvres 2013-2014 de l'atelier vont entamer un long périple. Elles seront successivement présentées lors d'une grande exposition prévue du 3 au 9 juin prochain dans la ville de Kaysersberg où se trouve le siège de TUS Alsace-Algérie. Une deuxième exposition verra le jour, du 5 au 11 août prochain, toujours à Kaysersberg, ville dont la mairie est très solidaire du projet, avec le concours des deux partenaires associatifs, à savoir Association des droits de l'enfant et de l'adolescent (Adea) et Trait d'union solidarité Alsace Algérie (Tusaa) présidée par Marie-Claire Radigue (www.tusalsace.org) et de deux tisserandes de l'atelier, en l'occurrence Nawel Mellas et Fatima Madi. Puis ce sera le moment de descendre à Blanquefort – ville jumelée avec Timimoun – avant de revenir sur Strasbourg pour terminer, probablement, à la Foire européenne dans sa 82e édition au cours de laquelle l'Algérie sera l'invité d'honneur. N. S. Nom Adresse email