Sans surprise, les partis politiques tunisiens se sont mis d'accord vendredi, après des mois de tergiversations, à ce que les élections législatives se tiennent avant la présidentielle. Les deux échéances devraient se tenir avant la fin de l'année en cours. Le président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar, a annoncé juste après cet accord que la date des prochaines élections sera fixée d'ici la fin de la semaine prochaine. "Le processus de transition démocratique a été remis sur les rails", s'est-il félicité vendredi, en recevant à Carthage une délégation européenne composée du président et des membres du Comité politique et de sécurité de l'UE (Cops), en visite de travail de deux jours en Tunisie (12 et 13 juin). Un compromis qui doit permettre de fixer les dates définitives de ces scrutins, a indiqué un médiateur. Il faut dire que l'ordre des élections faisait l'objet d'âpres disputes entre les différents partis ? D'un côté, les leaders d'Ennahda, majoritaires à l'ANC, insistaient sur le fait que les législatives aient lieu en premier et leurs principaux opposants souhaitant l'inverse. Le bâtonnier Mohamed Fadhel Mahfoudh, l'un des médiateurs lors de la séance de négociations, a indiqué que 12 des 18 formations représentées aux pourparlers ont voté pour la tenue des législatives avant la présidentielle. "Cette décision a été adoptée et on va la soumettre à l'Assemblée nationale constituante (ANC) pour qu'elle vote la loi (fixant les dates des scrutins) en concertation avec l'Isie", l'instance chargée d'organiser les élections, a indiqué M. Mahfoudh. Le calendrier précis est censé être adopté avant le 23 juin, date du début des inscriptions sur les listes électorales. Plus tôt dans la journée, le président de l'Isie, Chafik Sarsar, avait vertement critiqué les tiraillements de la classe politique tunisienne et souligné l'urgence de fixer un calendrier électoral. "Il faut déterminer la date des élections le plus tôt possible étant donné que la perte de temps aura des conséquences dangereuses très importantes pour le processus de transition" vers la démocratie, a-t-il martelé lors d'une conférence de presse. L'organisation d'élections en 2014, plus de trois ans après la fuite de Ben Ali le 14 janvier 2011, a été décidée dans le cadre d'un vaste accord entre les partis pour résoudre la profonde crise politique déclenchée par les assassinats de deux opposants en 2013. Cet accord a déjà permis l'adoption de la nouvelle Constitution et poussé les islamistes d'Ennahda à céder le pouvoir à un gouvernement "d'indépendants" en début d'année. Réagissant à cet accord, le président du mouvement Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, a déclaré qu'il avait défendu son choix, mais que le plus important était d'aboutir à un consensus. De son côté, le président de l'Isie a indiqué, vendredi, que les hommes politiques sont responsables de l'échec dans la détermination d'une date pour les élections à venir. Sarsar a sévèrement critiqué ceux qui font endosser le retard des élections à l'Isie, tout en annonçant que l'instance pourrait annoncer son refus des accords qui seront en dehors des délais légaux. I. O. Nom Adresse email