Résumé : Nora venait de quitter la maison. Yazid avait suivi la scène au coin de la rue, avant de monter chez lui, où le vide résonnait. Il se maudit d'avoir gâché sa vie et celle de Nora qu'il aimait encore. Des souvenirs remontaient. Il se sentit si triste. Pourtant cela faisait des jours qu'il n'avait plus touché à l'alcool ni aux jeux. Il se lève pour prendre une douche et se changer...Sa barbe hirsute et ses cheveux en broussaille le faisaient ressembler à un clochard... C'était peut-être le cas... Il était un clochard et rien de plus... Un peu plus, et il deviendrait un SDF à souhait ! Cette pensée le fera sursauter. Etait-il devenu à ce point une loque ambulante ? Il prend un comprimé d'aspirine pour mettre fin aux coups de marteau qui résonnaient dans son crâne puis se rendort pour ne se réveiller que le lendemain matin. Il se frotte les yeux, puis se lève et se dirige vers la salle de bains. Il laisse couler l'eau dans la baignoire. Un bain chaud lui fera du bien et le changera de ses idées macabres. Il se lave, se rase et se promet un passage chez son coiffeur en début de matinée. En attendant, il se sentit un peu plus revigoré et se rendit dans la cuisine pour mettre fin aux gargouillements de son estomac. Ses mains tremblaient. Il sentit sa langue pâteuse et la passe sur ses lèvres sèches. L'alcool lui manquait... Il savait que sans une véritable cure de désintoxication, il n'allait pas tenir longtemps, alors qu'il s'était promis de ne jamais plus en prendre une goutte. Il se prépare un café noir bien fort et allume une cigarette. Dans la salle de bains qui lui faisait face, il remarque que Nora avait oublié quelques affaires. Comme sa sortie de bain, quelques cosmétiques, ses claquettes et des serviettes. Il dépose sa cigarette et se lève pour aller prendre la sortie de bain et la serrer contre son cœur. Le vêtement sentait encore le savon et l'eau de cologne de Nora. Une senteur qui lui rappellera toujours l'amour qu'il ressentait encore envers son ex-femme. Il se passe la main dans les cheveux et se rappelle qu'il devait passer chez le coiffeur. Mais avant cela, il décroche le téléphone et demande l'adresse et le numéro de téléphone d'une clinique privée. Il contacte un médecin qui lui fixe rendez-vous le jour même dans l'après-midi. Encore sous le choc de son divorce récent, il était décidé à aller jusqu'au bout et à surmonter l'épreuve du sevrage. Sa vie avait basculé. Il ne pourrait reprendre pied que s'il consentait à tirer un trait sur un passé douloureux. Ses yeux s'embuèrent. Sa vie était devenue infernale ces derniers temps, et il était le propre forgeron de son malheur. Un peu désorienté et embrouillé dans ses pensées, il se rendit chez son coiffeur et en ressortit métamorphosé. Il s'était trop négligé, et son comportement avait suscité l'ire de son entourage. Encore une fois, il reconnaît qu'il avait dépassé la dose de la décence et du respect de soi. La journée était ensoleillée. Le printemps s'annonçait radieux. Il achète un journal et se rendit dans un jardin public pour en lire le contenu. C'était une habitude qu'il avait acquise au bureau, mais qu'il avait perdue par la suite... Il était trop pressé de se rendre chaque soir dans les bars et ces endroits scabreux qui l'avaient détruit. Il déjeune ensuite rapidement d'un sandwich, et se lève pour héler un taxi et se rendre à la clinique. Nora avait repris sa chambre de jeune fille. Elle s'était cloîtrée des heures durant, puis s'était postée devant la fenêtre pour regarder le mouvement de la rue. Chez ses parents, on était tous aux petits soins pour elle. Toute la famille était venue la soutenir dans la dure épreuve qu'elle traversait. Certes, elle n'avait pas que des alliés, mais les "ennemis" se manifesteraient plus tard. Les envieux "dégustaient" sa défaite à petites gorgées, elle en était certaine. Elle était prête à mettre sa main au feu que certains d'entre eux n'attendaient que l'occasion de la revoir et de la narguer, voire même de la provoquer et de l'humilier. Depuis son retour, elle n'avait pu ni dormir, ni manger, ni même ranger ses affaires qui étaient encore dans les cartons et les valises déposés dans sa chambre. Pour éviter les questions sournoises de ses collègues, elle avait pris quelques jours de congé et ne devrait reprendre ses cours à l'école que la semaine prochaine. Le travail lui permettra-t-il de surmonter cette épreuve qu'elle traversait ? Elle comptait bien se lancer corps et âme dans ses cours, et à se mettre à la disposition de ses élèves plus que jamais. Un coup à la porte de sa chambre la tire de ses méditations. Sa mère vient la trouver et lui caresse la joue avant de demander : -Tu ne veux plus t'adresser à nous... ? (À suivre) Y. H. Nom Adresse email