Laborieusement, les représentants du gouvernement malien et ceux des groupes armés du Nord sont arrivés, après une semaine de tractations à Alger, à s'accorder sur le principe d'engager les négociations pour résoudre la crise du Nord. Ce n'est qu'en fin de journée, jeudi, que les six groupes du Nord et les membres du gouvernement ont signé deux documents ouvrant la voie à la seconde phase du dialogue qui se poursuivra sous l'égide de l'Algérie. Il s'agit d'une feuille de route pour les négociations dans le cadre du processus d'Alger et un autre document relatif à la cessation des hostilités. Un document qui conforte le cessez-le-feu qui a été signé entre les parties, mais violé au moins à trois reprises. Les négociations n'ont pas été faciles et les médiateurs ont eu à essayer, une semaine durant, à rapprocher les positions des uns et des autres, en apparence inconciliables. Outre le différend entre la coalition des groupes du Nord qui regroupe le HCUA, le MNLA et le MAA et le gouvernement de Bamako, mais aussi entre cette coalition et les trois autres groupes qui ont signé la plateforme d'Alger inaugurée par le premier trio. La coalition a continué à refuser jusqu'à ce jeudi de s'asseoir à la même table que les trois autres groupes du Nord. "Ils ne veulent toujours pas s'asseoir à la même table que nous. Mais nous espérons qu'ils vont revenir à de bons sentiments", a déclaré un membre de la délégation du CPA. Le CPA est signataire avec le MAA (dissidence) et la CM-FPR, et a présenté une proposition de sortie de crise conjointement avec le MAA. Le MNLA, et à un degré moindre le MAA, refuse de voir les autres groupes participer aux négociations étant donné qu'ils n'ont pas été partie prenante du conflit (crise) et "n'ont pas pris les armes". Ce jeudi donc a été plein de surprises. Pas forcément agréables. En effet, alors que tout le monde attendait la cérémonie de signature, les délégations ayant déjà pris place, la délégation de la coalition quitte "la scène". Crainte d'un clash. Pourtant, côté algérien, le ton était au départ à l'optimisme avec "des résultats acceptables". Les tractations reprennent. Difficilement. Vient soudainement la contrainte du détail. Une fois revenus à raison, les représentants de la coalition de l'Azawad ressortent un problème lié à la terminologie utilisée dans les documents. Un exercice sémantique qui prête à équivoque, selon eux. Ils veulent que les choses soient inscrites avec précision. Alors que les délégations maliennes et les médiateurs sont occupés à chercher le mot exact qui satisfasse tout le monde et garantisse l'amorce de la prochaine étape, les journalistes sont affairés à chercher des nouvelles de l'avion en provenance du Burkina Faso qui a disparu. Le groupe de journalistes venus couvrir la signature des Maliens est devenu comme une cellule de crise. "Il reste un détail", indique un diplomate algérien en parlant des conciliabules "lexicaux" inter-maliens. En fin de journée, tombe le consensus. Les deux documents révisés ont enfin été signés au grand soulagement de tout le monde et à la grande satisfaction des diplomates algériens qui ont déployé toute leur énergie pour rapprocher les parties maliennes. Passée cette phase initiale, les parties se sont mises d'accord pour reprendre les discussions à partir du 17 août prochain à Alger. Alger qui a reçu les encouragements des pays voisins et des partenaires étrangers constitués de l'ONU, l'UA, l'OCI et de la Minusma. La France, directement impliquée dans le Mali, a réagi juste après la signature des deux documents. Son ministre des Affaires étrangères, M. Fabius, s'est réjoui de cette signature et a considéré qu'elle constitue une étape encourageante pour le lancement du dialogue. "Seul le dialogue permettra d'aboutir à une paix durable au Nord-Mali", a déclaré le chef de la diplomatie française, qui a salué au passage l'action de l'Algérie et la collaboration de la communauté internationale et des pays voisins du Mali. D. B. Nom Adresse email