Premier chapitre : "L'enfant qui changera ma destinée..." Résumé : Toute sa vie a changé. Zina ne vit que pour sa fille. Elle ne dort plus, la surveillant même dans son sommeil. La petite grandit, leur apportant du bonheur à l'état brut. Guemra trouve qu'ils la gâtent trop et qu'ils en font trop. Zina parle de son amour pour Ihsane. Sa mère biologique n'aurait pu l'aimer davantage. Elle tient à ce que sa fille sache qu'elle l'aime plus que tout... - Mais pense à tout lui raconter quand elle sera grande ! N'attends pas que quelqu'un d'autre le fasse à ta place dans l'intention de la blesser, lui recommande sa mère. - Je te le promets... Zina et Zaher n'ont pas le cœur à lui apprendre la nouvelle. En fait, ils ne trouvent jamais le bon moment. Le temps a vite filé. Six années ont passé. La fillette est inscrite à l'école. Ils l'emmènent en ville et lui choisissent les plus jolies tenues. Zina a envie que sa fille soit la plus belle le jour de la rentrée. Ils prennent des photos ensemble. Dans le quartier, personne ne savait qu'elle avait été adoptée. Le fameux jour J, ils l'emmènent à l'école, s'assurent qu'il ne manquait rien et attendent qu'elle soit entrée en classe avec ses nouveaux camarades avant de retourner chez eux. Le foyer est bien silencieux. Zina trouve le silence effroyable. Elle va s'asseoir sur le lit d'Ihsane et serre son coussin contre elle, comme pour retrouver sa chaleur et son odeur. - Tu devrais être heureuse, dit Zaher. Elle va se faire des copines et apprendre à lire et à écrire... - Je suis heureuse pour elle et triste. Elle me manque. Je sais qu'elle rentrera plus tard ! Mais je me sens mal sans elle ! Je voudrais suspendre le temps et l'avoir près de moi ! Je n'ai pas vu ces années passer ! En fermant les yeux, il lui semble que c'était hier qu'elle l'avait ramenée de la pouponnière. Elle est nostalgique des cris de joie qui emplissaient leur foyer. Elle voudrait rattraper le temps et ces instants magiques. Que de merveilleux souvenirs dans cette chambre qui lui rappellent les câlins affectueux, les mots d'amour qu'elles s'échangeaient. Zina soupire. Son absence est dure à supporter. - C'est vrai que tu as l'habitude de l'avoir dans tes jupons toute la journée, mais toute mère est prête à se séparer de son enfant pour qu'il aille à l'école ! Tout à l'heure, tu iras la chercher ! Vous allez vous retrouver ! Elle n'est pas partie pour de bon ! - Je sais. Mais aujourd'hui, je pense aussi au jour où elle s'en ira fonder un foyer ! - Ya Zina, elle n'est encore qu'une enfant ! Elle vient d'entrer à l'école et tu penses à son mariage ! Ça n'arrivera pas avant des années ! - Mais le temps file, court, sans qu'on puisse l'arrêter !, s'écrie-t-elle. Je ne veux pas me séparer d'elle ! J'ai hâte de la voir rentrer ! - Si tu l'aimes autant, va préparer le déjeuner !, lui suggère-t-il. Je crois que tu as oublié qu'ils n'ont pas de cantine ! - Oui, murmure-t-elle en se levant. J'y vais...Mais je prépare quoi ? Elle avait l'habitude de me dire ce qu'elle voulait au déjeuner... - A toi d'imaginer un menu qui lui plaira, dit Zaher. Moi, je vais aller travailler ! - Bonne journée ! Seule, elle trouve le temps long. Elle a beau s'occuper du déjeuner, mettre de l'ordre dans l'appartement, il lui reste du temps. Sa fille qui emplissait sa vie de joie et de bonheur en commençait une autre. Zina prend le téléphone et appelle sa mère pour lui parler. Elle a besoin de dégager sa peine. Guemra en rit. Elle lui raconte avoir ressenti ce sentiment plusieurs fois dans sa vie, quand elle et son frère Krimo sont allés à l'école, puis quand ils ont fait leur vie. - Pour ne pas t'ennuyer d'elle, je te conseille de trouver une occupation ! Pourquoi ne pas te mettre au tricot ou à la broderie ? Zina promet d'y réfléchir. En fait, elle pense que, même occupée, elle ne cessera de ressentir le vide laissé par sa fille... (À suivre) A. K. Nom Adresse email