Un Français a été enlevé, avant-hier, en Algérie. Le coup est gros, très gros. Par l'écho médiatique qu'il aura dans le monde, il équivaut, peut-être, à l'attaque terroriste de Tiguentourine, en janvier 2013. Du moins au plan de l'image. Car c'est l'Algérie qui, ainsi, subit une nouvelle épreuve du genre, d'autant plus douloureuse qu'elle intervient au moment même où elle s'efforce de mettre en valeur à l'international "son expérience avérée en matière de lutte antiterroriste et de conduite d'un processus politique de réconciliation nationale" qui fait d'elle, estime M. Lamamra, "un acteur naturel et incontournable de stabilisation régionale". Une épreuve dont il faut souhaiter un dénouement heureux, mais aussi un prix, celui de nos approximations et improvisations politiques et diplomatiques. Dans les contextes particuliers que connaissent aujourd'hui la région sahélo-maghrébine, en raison des situations politico-sécuritaires qui prévalent notamment en Libye et au Mali, d'une part, et la scène moyen-orientale marquée par les récents développements du conflit israélo-palestinien et l'irruption de Daesh en Irak, d'autre part, la tentation d'un discours aussi teinté de triomphalisme est concevable quand le but est de vendre une image idyllique aux Etats-Unis, à la France ou au Royaume-Uni. Mais un tel discours, visiblement appelé à la rescousse et ressassé sans retenue pour mieux cacher nos déficits internes en matière d'ouverture politique et d'évolution démocratique qui doivent être conçus comme le socle du combat contre tous les extrémismes, ne pouvait être opérant à terme. Pis encore, il charrie une contradiction et un péril. La contradiction ? Elle procède de cet entêtement à se tresser des lauriers pour avoir "vaincu le terrorisme" au plan national au moment même où l'on redouble d'ingéniosité pour prouver au monde que le terrorisme est transnational. Le péril ? Il vient de cette contradiction même. L'on a fini par croire à nos propres mensonges, jusqu'à oublier le caractère forcément fallacieux d'une "victoire nationale" sur un phénomène porté, financé et alimenté en hommes et en logistique par une organisation transfrontalière et transcontinentale : et cela ne va pas sans exposer le pays à la vendetta terroriste. Inutilement..