Il aura fallu attendre 20h, lundi, pour voir un communiqué du ministère de l'Intérieur, alors que l'information avait fait déjà le tour du monde. Durant toute la journée d'hier, c'était silence radio à Alger. Alors que l'événement fait la une des journaux du monde entier, enflamme les réseaux sociaux, l'Algérie officielle, comme c'est souvent le cas en pareille circonstance, se complaît dans un mutisme qui contraste singulièrement avec la communication tous azimuts des autorités françaises : la gestion de l'affaire de l'enlèvement du ressortissant français, Pierre Hervé Gourdel, rappelle, à s'y méprendre, celle de l'attaque de Tiguentourine. Aucune réaction officielle ni communiqué, hormis celui du ministère de l'Intérieur diffusé via l'APS, lundi soir, quelques heures après le rapt. C'est à croire que le séminaire organisé sur la communication institutionnelle dans la foulée de l'attaque du site gazier de Tiguentourine est passé par pertes et profits. Comme en 2013, le président français, François Hollande, a dû appeler le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et non le président Bouteflika. Une "entorse" au protocole qui, semble-t-il, agace en haut lieu. Bien entendu, et comme de coutume, on rétorquera que compte tenu de la sensibilité du dossier et des risques qui pèsent sur la vie du ressortissant français, la discrétion absolue et le secret doivent être de rigueur. Une position dogmatique adoptée déjà par le passé, comme lors de la récente libération de nos diplomates enlevés à Gao en avril 2012. Mais cette discrétion n'exonère en rien les autorités du devoir de communiquer régulièrement, du moins pour ne pas prêter le flanc aux spéculations qui accompagnent souvent ce genre d'événements. Quitte à distinguer l'information du renseignement. Lundi, il aura fallu attendre 20h passées pour voir un communiqué du ministère de l'Intérieur, alors que l'information avait fait déjà le tour du monde. Durant toute la journée d'hier, c'est silence radio. C'est à croire que l'événement, qui réveille dans la conscience nationale les démons de la décennie noire, est à inscrire sur le registre du terrorisme résiduel. Parce que comptables devant leur opinion, les autorités françaises n'ont cessé, dès la réception de l'information, de communiquer. Après les communiqués du Quai d'Orsay, de l'Elysée et la sortie du chef de la diplomatie, Laurent Fabius, c'est au tour de François Hollande et de Manuel Valls de s'exprimer sur la question. "Aussi grave soit cette situation, nous ne céderons à aucun chantage, aucune pression, aucun ultimatum, fût-il le plus odieux, le plus abject", a déclaré, à New York, le président français. "Nous continuerons à apporter notre soutien aux autorités irakiennes", a-t-il ajouté. "J'ai pleine confiance dans les forces de sécurité algériennes pour que tout soit fait pour que nous retrouvions notre compatriote", a encore dit Hollande. Dans la matinée, le Premier ministre, Manuel Valls, assurait que Paris n'aura "aucune discussion, aucune négociation" avec les ravisseurs d'Hervé Gourdel. Paris ne cédera "jamais (...) au chantage", a-t-il souligné. Parallèlement, la justice française a ouvert une enquête "pour enlèvement et séquestration en lien avec une entreprise terroriste". Mais à Alger, on fait comme on peut pour tenter de saisir les tenants et les aboutissants de cette affaire qui, indiscutablement, écorne l'image du pays à l'étranger.