Se rendant compte que la majeure partie des Etats du continent reconnaît la République arabe sahraouie démocratique, le souverain alaouite modifie sa politique africaine dans le but inavoué de rallier certains pays à sa cause expansionniste. Dans le but d'exploiter les derniers développements concernant le conflit du Sahara Occidental, le roi du Maroc a entamé, depuis mardi et jusqu'au 28 du mois en cours, une visite dans cinq pays africains, en l'occurrence le Bénin, le Gabon, le Sénégal, le Niger et le Cameroun. Il s'agit là d'un revirement spectaculaire dans la politique africaine du royaume, dont la diplomatie n'avait pas hésité de traiter l'Organisation de l'Unité africaine de “conférence tam-tam”, après que celle-ci eut reconnu le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui dans les années 1970. Pour rappel, Hassan II avait tout simplement retiré son pays de l'OUA, que le Maroc n'a plus réintégré depuis. Et voilà soudainement Rabat qui change son fusil d'épaule et se met à courtiser les pays africains. Il va sans dire que cette tournée africaine a pour seul objectif d'arracher une modification de la position des pays visités vis-à-vis de la question du Sahara Occidental. Officiellement le but de la visite de Mohammed VI est de “renforcer la coopération économique avec ces pays et la présence politique du royaume dans cette partie de l'Afrique”. Voilà que le royaume chérifien se découvre une vocation africaine, comme l'indique la suite du communiqué du palais royal annonçant cette visite. Ainsi, selon notre confrère marocain L'Opinion, la tournée du roi en Afrique constitue “l'occasion de mettre en valeur la vocation africaine du Maroc”. Il faut dire que pour un pays qui a boudé tout le continent et qui n'a participé à aucune de ses manifestations politiques, culturelles ou sportives depuis une trentaine d'années, il s'agit là d'un virage à 180° dans sa politique continentale. En fait, c'est à un véritable tournant dans la stratégie africaine du souverain chérifien, comme l'a écrit le quotidien marocain Le Matin dans son édition de mardi. Apparemment, pour Mohammed VI et ses conseillers diplomatiques, l'heure est venue pour réinvestir l'Afrique dans le seul espoir d'exploiter les derniers changements intervenus dans le dossier du Sahara Occidental, notamment la démission du représentant spécial du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, James Baker. À voir le déploiement diplomatique marocain, il est à croire que la démission de l'ex-secrétaire d'Etat américain constitue un renoncement des Nations unies à se conformer aux différentes résolutions adoptées sur cette question par le Conseil de sécurité, organe exécutif de l'instance onusienne. C'est loin d'être le cas, car il s'agit d'une affaire de décolonisation qu'il faudra mener jusqu'au bout. Et ce n'est certainement pas la modification de la position d'un ou plusieurs pays africains sur ce conflit qui privera le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination. K. A.