Un calme relatif régnait, hier, sur la petite commune d'Asfour (W. d'El-Tarf) qui a été le théâtre d'évènements tragiques qui se sont soldés par la mort d'un jeune homme de 19 ans et la destruction quasi-totale du siège de l'APC. La population, visiblement traumatisée par ce qui s'est passé sous ses yeux pendant deux jours pratiquement, n'arrive pas à vaquer normalement à ses occupations. En témoignage à la présence de ces grappes de jeunes qui s'attardent du côté du siège de la mairie, commentant la mort de Sellami Hamouda et s'inquiétant du sort de Bechani Zine encore hospitalisé à Annaba dans un service spécialisé. D'autres sujets ont été abordés, mais avec moins d'insistance. Il y a cette fameuse attribution de logements, la seconde en quarante-deux ans d'indépendance (l'APC d'Asfour avait livré en 1999 un lot de 170 logements de type R+1), mais aussi et surtout la vague d'arrestations qui a été déclenchée par la gendarmerie dès l'après-midi de lundi et jusque dans la matinée d'hier. Pas moins de dix personnes ont, en effet, été appréhendées par les éléments du groupement d'intervention rapide de la gendarmerie et sont toujours détenues à Ben-M'hidi, localité distante de quelque 12 km de là. La misère est effectivement omniprésente dans cette partie de la wilaya d'El-Tarf où la majeure partie de la population vit d'expédients. les jeunes les plus dégourdis subviennent aux besoins de leur famille en travaillant comme saisonnier dans les champs de tomates ou en pourvoyant en eau les citoyens depuis les sources situées sur les hauteurs du village. Le jeune qui a été enterré avant-hier et celui qui fait partie des dix personnes arrêtées sont justement de ceux-là. En attendant que les autorités fassent preuve d'égards à l'endroit des gens d'Asfour, comme le souligne le garde communal, d'autres émeutes pourront avoir encore lieu pour les mêmes raisons de survie… A. A.