Alors que plusieurs pays arabes ou musulmans proposent leur soutien au nouveau régime irakien, Bagdad en accuse certains de constituer l'appui des terroristes opérant sur son territoire. Les relations futures entre l'Irak et la majeure partie des pays arabes ou musulmans ne s'annoncent pas sous de bons auspices. En effet, la prudence excessive dont font preuve les dirigeants intérimaires irakiens à répondre aux marques et offres de soutien de plusieurs pays de la région laisse augurer de rapport tendus, voire inexistants à l'avenir. C'est le cas notamment de la Syrie et de l'Iran directement montrées du doigt par certains hauts responsables irakiens, sous le couvert de l'anonymat, dans des déclarations à l'hebdomadaire britannique Sunday Telegraph. Si Zebari, le chef de la diplomatie irakienne, ne cite pas nommément ces deux pays, il confirme cependant les accusations et promet des révélations dans les prochains jours. “Depuis que nous regardons la situation sécuritaire, nous avons vu comment les gouvernements étrangers aident les terroristes”, a affirmé Zebari au même journal. Il ajoutera : “Nous ne savons pas pourquoi ils le font, mais nous savons d'où vient le soutien. Nous avons le projet de présenter cela au public dan les prochains jours et cela aura un impact important.” Plus loin le ministre des Affaires étrangères irakien dira : “Les insurgés ont bénéficié de soutien financier, d'assistance logistique et de formations d'organismes gouvernementaux voisins.” Damas et Téhéran, accusés auparavant par la coalition d'avoir des frontières passoires permettant une large activité des insurgés irakiens, risqueraient même des ripostes des forces coalisées stationnées en Irak. Zebari ira jusqu'à annoncer que son pays ne s'opposera pas à d'“éventuelles attaques des troupes américaines stationnées en Irak contre des pays voisins qui soutiennent les insurgés”. Toujours dans le même registre, les autorités irakiennes ont clairement affiché leur rejet de toute aide venant des pays voisins. Elles ont opposé un refus catégorique à toute proposition de ces pays quant à l'envoi de forces en Irak, pour aider à rétablir la sécurité ou à former des agents irakiens. Bagdad est tout juste disposé à permettre à ces pays à sécuriser leurs bureaux et leurs installations et soutenir le travail des Nations unies en Irak. Mai il n'est nullement question de les voir faisant partie de la force multinationale. “Nous avons pour politique générale d'être opposés à une telle participation”, a réaffirmé le ministre irakien des Affaires étrangères. Poliment, le chef du gouvernement irakien a remercié les chefs d'Etat arabes et musulmans, qui ont manifesté leur disposition à aider l'Irak, tout en se gardant toutefois de l'accepter. Il apparaît clairement que Bagdad a énormément de reproches à faire à ses voisins, particulièrement les pays limitrophes. Les relations futures en pâtiront inévitablement. C'est le fruit de la tension qui a caractérisé la région depuis plus d'une décennie. Il faudra beaucoup de temps pour calmer les esprits. De toutes les manières, les rapports interarabes ont toujours été marqués par une absence de confiance caractérisée. K. A. L'Iran a préparé une plainte contre Saddam L'Iran a préparé une plainte contre l'ex-président irakien Saddam Hussein pour la guerre qu'il a lancée contre ce pays en 1980 et l'utilisation d'armes chimiques et la présentera devant le tribunal chargé de son jugement, a indiqué hier le ministère des Affaires étrangères. “L'un des crimes de Saddam Hussein est l'attaque contre l'Iran, les morts d'Iraniens, l'utilisation d'armes chimiques. Nous avons préparé une plainte qui sera présentée au tribunal”, a déclaré le porte-parole du ministère Hamid Reza Asefi lors d'un point de presse. “Nous avons demandé aux Irakiens d'expliquer pourquoi l'attaque contre l'Iran ne figure pas parmi les charges portées contre lui (Saddam), même si le juge a dit que cette affaire serait abordée plus tard”, a-t-il ajouté. Chalabi a induit Washington en erreur Les Etats-Unis ont sous-évalué la difficulté de maintenir la sécurité en Irak après l'invasion du pays parce qu'ils avaient “choisi la mauvaise analyse” sous l'influence d'Ahmed Chalabi, a jugé hier Jeremy Greenstock, l'ancien représentant britannique en Irak. “Il y avait différentes analyses, et ceux qui prennent les décisions, c'est-à-dire Washington, ont choisi la mauvaise analyse”, a déclaré Sir Jeremy, qui a pris sa retraite en mars dernier, dans un entretien à la BBC (Télévision). “Ils ont été influencés par Ahmed Chalabi (l'ancien protégé du Pentagone tombé en disgrâce après des soupçons de collusion avec l'Iran, ndlr), qui voulait que (l'invasion) ait lieu, et voulait donc qu'elle semble plus facile”, a-t-il expliqué. Il y avait pourtant, a poursuivi le diplomate, “des documents dans le système américain, des documents dans le système britannique, qui indiquaient à quel point cela allait être difficile. Et nous avons aussi été surpris par la brièveté de la guerre qui a laissé des éléments avec leurs armes... dont certains étaient enclins à entrer en résistance.”