L'installation de la commission nationale de révision de la loi sur l'information, prévue hier au siège du ministère de la Communication n'a pas drainé grand monde. Censée, en effet, rassembler près d'une centaine de membres, selon les propos du ministre de la Communication, Boujemaâ Haïchour, tenus à l'Assemblée nationale lors de la clôture de sa session de printemps, cette commission n'a finalement regroupé qu'une quinzaine de personnes. Sa composante devait aussi compter des spécialistes de divers horizons, en l'occurrence des magistrats, des juristes, des universitaires, des journalistes et des spécialistes de l'information toujours selon les déclarations du ministre ; cette structure n'est en définitive constituée que d'une poignée d'éditeurs de journaux, notamment les directeurs de La Nouvelle République, du Jeune Indépendant, d'El Moudjahid, de L'Expression, de Djazaïr News, d'un représentant de la Simpral (Mohamed Aissiouane), d'un représentant de la SIA (Mohamed Metchat), d'une avocate (Me Benbraham), d'un ex-conseiller à l'ENTV, (Badredine Melli), et de deux représentants du ministère de la Communication. Il s'agit de Bensebti et d'El-Eulmi, chargés respectivement de la presse et de l'audiovisuel au ministère. Abdou B., l'ex-directeur général de l'Unique, est également partie prenante dans cette structure. Peu avant l'entrée du ministre de la Communication, plusieurs invités n'ont pas manqué de s'interroger sur la faiblesse du nombre de l'assistance. Un responsable du département de Haïchour a expliqué aux journalistes à ce propos que “le ministère de la Communication n'a pas pu contacter les universitaires parce qu'ils sont en vacances”. Une source autorisée nous a révélé à ce sujet que “plusieurs universitaires ont été contactés par le ministère mais ont décliné l'invitation de façon diplomatique à l'image du Dr Brahim Brahimi”. La faible assistance s'explique aussi par l'absence des animateurs du comité pour la libération des journalistes. Cette entité constituée du Syndicat national des journalistes (SNJ), du Conseil de l'éthique et de la déontologie et de six éditeurs de journaux (Le Matin, Liberté, Le Soir d'Algérie, El Khabar, El Watan, El-Fadjr) avait décliné pour rappel l'invitation du ministre “tant que des journalistes seront en prison”. Prenant la parole devant une maigre assistance, Boujemaâ Haïchour, qui a expliqué que cette commission a pour objectif de préparer des journées-débats sur “les idées forces de la plate-forme de l'avant-projet de loi organique relative à l'information”, a usé d'un ton menaçant à l'endroit de la presse. “On continue malheureusement de constater que certains n'arrivent pas encore à tirer ou ne veulent pas encore tirer des enseignements de notre courte mais combien riche expérience dans le domaine de la liberté de la presse. L'apaisement prôné par l'esprit de la réconciliation nationale au lendemain de l'élection du 8 avril ne peut pourtant pas émaner d'un seul côté. Aussi, je lance, un appel à ce que les gens regagnent les rangs de la sagesse. La démocratie a ses exigences qu'il serait vain de vouloir occulter et la République a ses repères qu'il n'est point possible d'ignorer”, lancera le ministre. Il situera le débat en indiquant que “le président de la République avait adressé le 3 mai dernier, à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse un message plein de signification quant au respect des valeurs universelles (…). C'est de ces référents qu'il importe de lancer toutes les passerelles en vue de remettre de l'ordre dans l'éthique qui a manqué quelque part durant les années passées, mais qu'on peut mettre sur le compte de l'inexpérience qui, a entraîné par endroits une certaine déstabilisation de la profession”. Aussi le membre du gouvernement d'Ouyahia, qui n'a pas désigné de président à cette commission, lui-même a élaboré un échéancier jusqu'à la mi-septembre pour finaliser ses travaux. Les quinze membres de cette structure se sont réunis en outre tout de suite après l'intervention du ministre. N. M.