Comme attendu, le “séisme” du 8 avril allait immanquablement provoquer des “répliques” et dont les premières manifestations ont été la démission de Karim Younès du perchoir de l'Assemblée et celle du chef de l'état-major de l'ANP. Mais bien plus, “l'amplitude” est telle que, à se fier à des sources informées, un grand mouvement dans le corps des walis et des chefs de daïra est attendu pour les prochains jours. Un mouvement dont on avance d'ores et déjà qu'il ne touchera pas moins d'une quinzaine de wilayas. Si l'on ignore pour le moment les raisons exactes de ce “ménage”, tout porte à croire, cependant, qu'il s'inscrit dans le prolongement des nouveaux rapports de force induits par l'élection présidentielle. Ainsi donc, les walis qui seraient touchés par ce mouvement sont ceux-là mêmes, affirment les mêmes sources, qui avaient exprimé leur sympathie à l'ex-candidat malheureux et ex-secrétaire général du FLN, Ali Benflis. C'est le cas par exemple des walis de Batna, Médéa ou encore de Bouira. D'autres walis, qui ont failli, pour une raison ou une autre, lors des déplacements du président avant la campagne à l'intérieur du pays, comme celui de Ouargla où des émeutes avaient éclaté la veille de l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika, seraient également “remerciés”. Il y aurait enfin des promotions et des permutations. Après la “mise au pas” du FLN et de la presse, la nomination d'un fidèle à la tête du Parlement, les remaniements opérés au sein de l'institution militaire, voilà arrivée donc l'heure du remplacement des représentants du pouvoir central au sein des départements. En somme, une étape supplémentaire dans le processus de “confortement” du pouvoir de Bouteflika. Bien entendu et sans risque de se tromper, du côté officiel, on justifiera les changements par le “souci d'efficacité” pour la mise en œuvre du plan de relance économique. Et accessoirement pour donner un souffle nouveau au développement local. Mais est-ce réellement les raisons ? Déjà au lendemain de son intronisation en 1999, l'on se souvient, Abdelaziz Bouteflika avait annoncé un grand mouvement en profondeur dans le corps des walis. Au nom de la lutte contre la corruption dont il avait fait un thème phare de sa campagne, Bouteflika avait relevé une vingtaine de walis dont 16 ont été radiés avant de se rétracter quelques mois plus tard et réintégrer certains d'entre eux. Et on mesure bien aujourd'hui ce qu'il est advenu de la lutte contre la corruption au regard de son ampleur. En 2000 et en 2001, d'autres mouvements similaires ont été opérés sans incidence notable sur la relance. C'est dire que le mouvement dans le corps des walis obéit souvent à des considérations politiques, qui tiennent de plusieurs facteurs à la fois, parmi lesquelles les “affinités” et les considérations régionalistes. Et le prochain mouvement ne doit sans doute pas faillir à cette tradition, une caractéristique du pouvoir. Tout semble suggérer donc, en définitive, par certains aspects, qu'à travers cette “purge”, Bouteflika veut solder ses comptes avec ceux qui ont osé “défier” son autorité. K. K.