Ali Yahia Abdenour a confirmé que quatre émissaires de la Présidence ont négocié avec Ali Benhadj au mois de ramadhan sa libération conditionnée, mais sans succès. Pour la seconde fois, Ali Benhadj refuse la grâce présidentielle. Plutôt une libération avant terme conditionnée par le silence de ce dernier, car il lui aurait été demandé d'éviter les déclarations dans la presse, comme rapporté par Ali Yahia Abdenour, hier, au cours d'une conférence de presse au siège de la LADDH. Le conférencier a confirmé à l'occasion que quatre émissaires de la Présidence étaient en contact, à la fin du mois de ramadhan, avec le prisonnier, mais sans succès. Quant à Abassi Madani, il suffirait, selon le président de la LADDH, de la levée de l'état d'urgence pour que son assignation à résidence surveillée devienne une véritable libération, qui signifie aussi le choix de rester au pays ou de le quitter. “Je ne comprends pas le maintien de l'état d'urgence au moment même où les hauts responsables de ce pays parlent de terrorisme résiduel et d'une stabilité politique”, a ironisé le conférencier pour le moins sceptique sur les intentions du pouvoir de favoriser l'instauration d'un véritable Etat de droit. À ce propos et à l'occasion du 54e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, maître Ali Yahia Abdenour qualifie de “déplorable” la situation des droits de l'Homme en Algérie et appelle la presse à porter à la connaissance de l'opinion publique tous les dépassements. “De 1992 à 2002, chacun a défendu les droits de l'Homme à sa manière. Il est grand temps pour que cela cesse, que le débat s'ouvre et que la société civile se mette de la partie”, dira-t-il. “Nos prisons sont pleines de fous sans que personne s'en inquiète”, a-t-il dénoncé, en soutenant que le respect de la personne humaine fait cruellement défaut dans le monde carcéral. “L'Algérien a cessé d'aimer ses gouvernants et, par conséquent, a cessé d'obéir.” Ce qui génère, selon l'orateur, des situations inextricables comme celle de se révolter contre un pouvoir qui ne remplit plus son rôle. La question des disparus reste, par ailleurs, de mise dans le combat de la LADDH, qui ne fait pas de distinction entre “les disparus victimes du terrorisme islamiste” et “les disparus victimes du terrorisme d'Etat”, pour reprendre Ali Yahia Abdenour, qui soutient, dans une déclaration remise hier à la presse, que “les trois armes de la lutte contre les disparitions forcées sont la vérité des faits, la force du droit et la volonté d'aller jusqu'au bout afin que les crimes de l'Etat ne restent pas impunis, quel que soit le retard avec lequel ils seront jugés”. Et de continuer : “Le pouvoir sait le sort réservé aux disparus. S'ils sont vivants, il doit les libérer ou les traduire en justice. S'ils sont morts, il doit localiser les lieux où ils ont été enterrés.” Pour l'année 2003, la LADDH choisit comme priorité d'œuvrer pour la libération de tous les prisonniers politiques sans distinction aucune. “La priorité de l'heure est de lancer une offensive sans précédent en faveur de la libération de tous les prisonniers politiques et d'opinion, de Ali Benhadj à Belaïd Abrika”, a déclaré le président de la ligue, qui n'a pas omis de citer, en conclusion, “les commandos de la mort”, allusion faite à la menace qui pèserait sur certains leaders politiques ou patrons d'organismes économiques. N. S.