La FNTR prévient des “conséquences financières catastrophiques” que ne manquera pas de subir la Caisse nationale des retraites. C'est avec un ton sévère que le secrétariat fédéral de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR, affiliée à l'UGTA) vient d'interpeller le Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia pour protester vigoureusement contre une décision que le premier ministre a signée le 8 août dernier, et enjoignant à la CNR (Caisse nationale des retraites) ainsi qu'à la CNAS (Caisse nationale de l'assurance sociale) et à la CNAC (Caisse nationale de l'assurance chômage) de déposer leurs avoirs au Trésor public, et ce, à compter du 1er septembre. La décision touche également les comptes des mutuelles et autres organismes publics de même caractère. “Cette décision est prise hâtivement, en violation du décret de 1992 régissant le fonctionnement des caisses de sécurité sociale et au mépris des prérogatives légales de leur conseil d'administration qu'on s'entête à vouloir confiner dans le rôle peu honorable de faire-valoir ou de souffre-douleur, laissant le soin à la tutelle — qui ne s'en prive pas d'ailleurs —, de gérer directement et à sa guise les caisses en faisant fi des règles en usage et des lois en vigueur”, lit-on dans une déclaration du secrétariat fédéral de la FNTR, rendue publique hier. Notons que la CNR de même que les autres caisses, avaient, jusqu'à présent, pris l'habitude de confier leurs avoirs aux banques publiques afin de garantir un accroissement de leur capital en bénéficiant de taux d'intérêt respectables. Par ailleurs, ces dépôts permettaient à la CNR de jouir d'une certaine autonomie dans la gestion de ses comptes et de mettre ses avoirs à l'abri d'un recours abusif, de la part des pouvoirs publics. Rappelons que le gouvernement, dans les périodes de tension qui l'opposait au monde du travail, n'hésitait pas à puiser dans les ressources de la CNR comme dans une caisse d'“épargne-secours” pour parer aux pressantes revendications salariales portées par les mouvements sociaux. Et la FNTR de mettre en garde : “Le secrétariat fédéral juge inacceptable cette ingérence qui a mis dans l'obligation, entre autres, la caisse des retraites de démobiliser immédiatement des sommes importantes placées avec un intérêt consistant dans des banques publiques, la privant ainsi de ressources supplémentaires indispensables”. Dans la foulée, la Fédération des retraités épingle aussi le département de M. Benachenou, reprochant au Ministère des finances d'avoir tenté d'emblée de démobiliser la somme de 30 milliards de DA détenue par la CNR auprès du Trésor : “Cette volonté que la morale réprouve de faire main basse sur l'argent des travailleurs et d'empêcher les caisses de bénéficier de revenus de placement, s'est matérialisée par la décision récente et scandaleuse prise par le Ministère des finances qui s'est vite ravisé, en procédant avant terme à la démobilisation immédiate de bons de Trésor détenus par la CNR (30 milliards de DA) après les avoir bloqués depuis 1999 par arrêté sur une période de quinze années avec un intérêt de 5% à un moment, où les banques publiques proposaient des taux d'intérêt bien plus rémunérateurs”, dénonce le secrétariat fédéral. Au terme de son communiqué, la FNTR tire la sonnette d'alarme en soulignant le caractère “hâtif, inopportun et injustifié” de cette décision, qui met ainsi “devant le fait accompli les partenaires sociaux, en premier lieu l'UGTA”. La Fédération des retraités déplore “les conséquences financières catastrophiques” que devra subir la CNR “dont les fonds déposés au Trésor vont être thésaurisés et fondre progressivement comme neige au soleil sous l'effet de l'inflation”. R. N.