Le président américain sortant Bush minimise le regain de violence en Irak, alors que la situation y est des plus chaotiques et que Kerry, son adversaire à la présidentielle de novembre prochain, redouble ses attaques face à cette dégradation. En dépit de la violence actuelle, l'Irak a un Premier ministre solide, un Conseil national et des élections sont prévues en janvier, devait affirmer Bush lors de ses meetings de campagne dans le Colorado, faisant allusion aux nouvelles journées de carnage en Irak où, en moins de 48 h, plus de 150 personnes ont été tuées dans des attentats au cœur de Bagdad, les plus meurtriers depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003. Pour le locataire de la Maison-Blanche, qui a pris une légère avance dans les sondages, l'objectif est surtout de se dissocier le plus possible de l'évolution de la situation sur le terrain en essayant de replacer le regain de la violence en Irak dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Vous combattez les ennemis terroristes en Irak, en Afghanistan et dans le monde entier pour ne pas avoir à les affronter chez nous, a-t-il souligné devant l'association des Gardes nationaux dans le Nevada. Kerry lui dénonce la politique de l'administration républicaine depuis la chute de Saddam Hussein, sans avancer d'alternatives, se contentant d'affirmer que l'Amérique a besoin d'un président qui donne une nouvelle direction et qui soit honnête avec les Américains ! À Bagdad, la situation est loin de s'améliorer : 10 personnes ont été tuées et 6 autres blessées dans des heurts, hier matin, entre la guérilla et des marines à Ramadi, la banlieue ouest de Bagdad, alors que, la veille, des affrontements avaient fait 10 morts et 32 blessés. Une voiture piégée a sauté devant un check point contrôlé par la Garde nationale et des corps décapités, apparemment des Irakiens, ont été découverts par des soldats américains au nord de Bagdad. L'Australie a envoyé en Irak une équipe de policiers et militaires pour sauver d'éventuels otages dont la capture a été revendiquée par une brigade dépendant de l'Armée secrète islamique, dans un communiqué publié dans le bastion rebelle sunnite de Samarra, assorti de l'ultimatum d'égorger les otages si l'Australie n'annonçait pas le retrait de ses soldats d'Irak. Le délai a été dépassé sans nouvelles informations de la part des ravisseurs. Face à l'intensification de la violence, Washington, sur recommandation de son ambassadeur à Bagdad, John Negroponte, a annoncé son intention de transférer quelque 3,4 milliards de dollars d'aide à la reconstruction de l'Irak, sur les 18,4 milliards prévus, vers des dépenses liées principalement à la sécurité. Ce transfert devrait permettre le recrutement et la formation de quelque 35 000 policiers irakiens, 16 000 gardes frontières ainsi que 20 brigades supplémentaires de la Garde nationale, soit au total plus de 70 000 hommes, a déclaré le sous-secrétaire d'Etat us chargé des affaires politiques, Marc Grossman. Enfin, le gouvernement intérimaire irakien est le principal bénéficiaire de la conférence des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, qui a demandé à ses membres de normaliser et élargir leurs relations avec Bagdad, en quarantaine depuis la guerre du Golfe en 1991. Les ministres arabes ont, par ailleurs, condamné le terrorisme en Irak sous toutes ses formes et dénoncé, mais sans les nommer, les opérations militaires et les bombardements américains entraînant la mort de civils. D. B.