Aboudjera Soltani a écarté définitivement toute éventualité de rompre l'alliance présidentielle en raison des divergences sur la révision du code de la famille. Poursuivant son forcing contre les amendements introduits dans le code de la famille, le MSP a organisé, avant-hier, à la salle Rouiched de la rue Tripoli (Hussein Dey) un nouveau rassemblement en vue de réitérer sa position et de “sensibiliser la société civile sur les conséquences désastreuses de la nouvelle mouture”. Las de ressasser le même discours et scénarios depuis des semaines, le MSP a sorti, ce jeudi, une nouvelle arme pour faire barrage aux amendements des “femmes de salon et sans tuteurs”. Il s'agit tout simplement d'un contre-projet qu'il projette de proposer au gouvernement. C'est ce qu'a annoncé Aboudjera, avant-hier, lors du rassemblement. “Tout est clair à présent. L'étape de la sensibilisation étant achevée, nous comptons proposer un contre-projet que nous avons déjà concocté. Nous le rendrons public après débat et enrichissement au niveau des instances suprêmes du parti”. Le MSP veut prouver par cette contribution qu'il est loin d'être “un parti qui fait simplement dans le tapage, mais une force de propositions”. Selon le même orateur, le parti “n'est pas en train de faire du tam-tam en se positionnant contre les amendements du code comme le pensent certains”. Il se prend tellement au sérieux, que toute la société ne jure, désormais, que par lui et attend que son combat aboutisse. C'est du moins ce dont Aboudjera est convaincu. “Vous aurez certainement remarqué que la société et même la presse lient le sort du code de la famille au combat du MSP. C'est à croire que le MSP est le tuteur de cette société”, s'enorgueillit l'ex-ministre du MSP. Et d'ajouter : “C'est un honneur pour le parti, mais il ne faut pas écarter l'éventualité d'une déception”. Rien ne prouve, en effet, que les alliés du MSP iront jusqu'à sacrifier le projet pour sauver l'alliance. Mais le contraire est facilement envisageable. C'est-à-dire que le Parti de Soltani est tellement “fidèle” à ses engagements qu'il ne marchandera jamais le contrat signé le 16 février 2004. “L'alliance présidentielle est au-dessus du code de la famille qui est loin d'être un projet politique”, estime le président du MSP. “L'alliance présidentielle n'est pas du tout menacée. Nous ne comptons nullement nous retirer. Nous ne sommes pas pressés de rompre et nous n'avons aucun intérêt pour le faire”, ajoute Soltani. Et de marteler : “Ceux qui croient que nous allons vers l'implosion de l'alliance peuvent toujours attendre. Nous sommes fidèles à notre engagement. Nous avons signé pour un mandat de cinq années. L'alliance n'est pas l'arbre qui cache la forêt. Nous ne comptons pas tout faire passer an nom de l'alliance et par la suite rompre le contrat au nom de cette même alliance”. Selon Aboudjera Soltani, le MSP a rejoint l'alliance et adopté le programme du gouvernement pour une seule raison et un seul objectif : la réconciliation nationale. “C'est ce dossier qui a permis au président d'arracher plus de 85% des suffrages. C'était la principale priorité, mais aujourd'hui, nous constatons qu'il y a une défaillance dans le classement des priorités”. Revenant à la nouvelle mouture du code de la famille, l'orateur dira que ceux qui ont concocté ce projet qui remet en cause le tutorat n'ont pas préparé “le lieu d'accueil des femmes qui se marient sans tuteur en cas de répudiation. Où iront-elles ? Trouveront-elles un autre père pour les prendre en charge ?” L'expérience de Soltani à la tête du département de la protection sociale lui a permis de voir que les structures d'accueil sont, aujourd'hui, insuffisantes. Selon lui, il y aurait pas moins de 500 000 femmes en détresse. Dans le communiqué qui a sanctionné le rassemblement d'avant-hier, le MSP revient à la charge en proposant un référendum pour trancher la question et en rappelant sa fidélité au contrat du 16 février 2004. Il prône, par ailleurs “un combat pacifique et calme”. Un combat que les milieux islamistes tentent de s'approprier comme si le respect et l'application des valeurs et autres adeptes de la charia étaient de leur seul ressort. Aucun père de famille, même le moins pratiquant, n'acceptera que sa fille se marie sans sa bénédiction, du moins formelle. Car d'aucuns n'ignorent que les mentalités ont évolué et nombreux sont ces parents qui, en dépit de quelques réserves, n'ont pas trouvé mieux que d'accepter le choix de leur fille. Cette fille qu'ils souhaiteraient protéger des aléas et des mauvaises surprises de la vie. Une protection que les trottoirs ne peuvent lui procurer quant au nom d'une loi, elle traîne une armada de gosses d'une rue à une autre. Un vrai calvaire que le contre-projet du MSP ne semble pas soucieux de régler. La mouture de la formation d'Aboudjera Soltani ne prévoit pas l'octroi de la maison conjugale à la mère en cas de répudiation comme l'ont toujours revendiqué les femmes. “Il n'est pas question que l'homme quitte sa maison. Il faut qu'il y ait des conditions”, insiste Maître Hammadi Fatima. Car, selon elle, “chaque jugement de divorce est synonyme d'ouverture de lieux de débauche”. Une telle sentence suppose que toutes ces femmes répudiées ont gardé le logement conjugal. Mais jusqu'à preuve du contraire, aucune femme divorcée ne s'est vu attribuer ce logement que ce soit de la part de l'ex-mari ou du juge. M. B.