L'opération “Jours de pénitence” lancée par Israël dans la bande de Gaza, qui a fait 59 morts parmi les Palestiniens, est entrée hier dans sa cinquième journée et devrait s'amplifier sur le terrain, a averti le Premier ministre Ariel Sharon. Sur le terrain, trois Palestiniens ont été tués depuis samedi soir dans le camp des réfugiés de Jabaliya (nord de la bande de Gaza) où l'armée israélienne a concentré ses attaques en vue de mettre fin aux tirs de roquettes vers Israël. Ces décès ont porté à 4 415 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifadha, fin septembre 2000, dont 3 391 Palestiniens et 953 Israéliens. Sur le front politique, Ariel Sharon a annoncé dimanche à la radio militaire la poursuite et l'élargissement de l'opération. “Nous devons élargir nos zones d'opération pour éloigner les lance-roquettes afin que les localités juives au-delà de la frontière ne soient plus à leur portée. Il faut aussi agir pour que les terroristes ne puissent plus bombarder les implantations (israéliennes dans la bande de Gaza) maintenant et pendant l'évacuation de cette région, prévue l'an prochain”, a affirmé M. Sharon. Depuis le lancement de l'opération “Jours de pénitence”, l'armée israélienne a établi une “zone de sécurité” de 7 à 9 km de profondeur dans le nord de la bande de Gaza. Le Premier ministre a, par ailleurs, rejeté l'offre présentée samedi par un dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyé, qui a affirmé que son mouvement était prêt à cesser ses tirs de roquettes si l'armée israélienne mettait fin à son opération. Interrogé sur les risques de “bavures” que pourrait commettre l'armée israélienne parmi la population civile palestinienne, M. Sharon a proclamé que “l'armée israélienne n'a pas pour objectif de s'en prendre à des enfants, mais à des terroristes”. Le ministre palestinien chargé des Négociations, Saêb Erakat, a, pour sa part, exprimé hier sa déception vis-à-vis de “l'absence” de réaction internationale, ce qui a “encouragé Ariel Sharon à affirmer que l'opération allait continuer”. Un responsable israélien, qui a requis l'anonymat s'est en revanche déclaré satisfait du fait qu'il n'y ait pas eu “jusqu'à présent de pressions internationales intenses sur Israël pour arrêter cette opération comme le souhaiteraient les Palestiniens”. Vendredi, les Etats-Unis s'étaient bornés à demander à Israël de recourir à une “force proportionnelle” dans ses opérations militaires. Le département d'Etat s'est refusé à condamner les raids à Gaza en insistant sur le droit d'Israël à se défendre. R. I.