Encore une fois, le royaume chérifien situe le règlement du conflit dans le cadre de ses relations avec Alger. La réaction du gouvernement marocain ne s'est pas fait attendre. Le conflit territorial sur le Sahara occidental est “bel et bien un différend maroco-algérien, et l'Algérie demeurera comptable vis-à-vis du Conseil de sécurité dont elle est membre et de l'ensemble de la communauté internationale pour tout retard dans son règlement”, souligne le ministère. “L'Algérie a pris la décision unilatérale de présenter un projet de résolution”, a précisé le ministère marocain, assurant qu'Alger a “rejeté toutes les médiations et les propositions émanant de plusieurs pays et groupes de pays, y compris de membres permanents du Conseil de sécurité, destinées à préserver le consensus”, ont réaffirmé hier les autorités marocaines après la réunion d'une commission spécialisée de l'ONU à New York. Le vote est considéré à Rabat comme un signe d'approbation du “message d'ouverture et d'attachement du Maroc à la légalité internationale”. Le satisfecit que s'accorde le royaume alaouite, à la suite de l'adoption par la commission de décolonisation des Nations unies d'une résolution entérinant l'attachement au plan Baker, ne trouve nulle part son explication lorsqu'on sait que le texte a été approuvé par 52 voix et aucune voix contre. Rabat a crié victoire à la lumière du fort taux d'abstention, quatre-vingt-neuf pays, qui a caractérisé le vote de la résolution sur le Sahara occidental par la quatrième commission de l'ONU. Ceci dit, il ne s'agit que de la confirmation de l'attachement de l'instance onusienne au contenu du plan Baker. Ce vote réaffirme la validité des deux précédentes résolutions du Conseil de sécurité votées respectivement en 1990 et en 2003. Non contraignante, contrairement à celle du Conseil de sécurité, cette résolution conforte la position des Sahraouis et leur droit à l'autodétermination. “Le gouvernement sahraoui et le Front Polisario se félicitent de cette nouvelle victoire du peuple sahraoui dans sa lutte pour la liberté et la souveraineté”, a déclaré Salem Ould Salek, le ministre des Affaires étrangères de la RASD à New York, à l'issue des travaux de la commission. Selon le représentant permanent de l'Algérie à l'ONU, Abdallah Baâli, son homologue marocain n'a eu de cesse de faire pression sur les membres de la commission, les appelant à rejeter le projet. L'intense activité de M. Benouna, ambassadeur du roi Mohammed VI avant le vote du projet parrainé par quarante-deux pays, dont l'Algérie, n'avait d'objectif que l'ouverture d'une brèche permettant une révision globale du plan de James Baker. L'absence de voix s'exprimant contre la résolution est la meilleure démonstration de l'échec de la tentative marocaine. Il y a lieu de relever que le plaidoyer de M. Benouna s'appuyait sur les éternelles accusations contre l'Algérie, sans pour autant apporter la preuve matérielle de ses assertions. Ceci étant, le Maroc poursuit sa politique de fuite en avant, visant à gagner du temps, dans l'espoir de convaincre de la justesse de sa proposition d'une “solution négociée” en lieu et place du référendum d'autodétermination prévu par la résolution 1495 du Conseil de sécurité conformément aux recommandations du plan de James Baker. Cependant, cette attitude est en totale contradiction avec les derniers développements que connaît la question sahraouie, comme la nouvelle position du gouvernement espagnol qui considère que le cadre onusien est le plus approprié pour régler définitivement ce conflit. José Luis Rodriguez Zapatero, le Premier ministre ibérique, l'a réaffirmé dimanche dernier au Maroc, où il se trouvait en visite officielle. K. A.