Une visite en Israël du chef de la diplomatie française Michel Barnier a permis de rappeler que le dossier israélo-palestinien, passé au second plan pour cause de guerre en Irak, était la clé pour la stabilisation de la région la plus volatile du monde. Le ministre français a réaffirmé, lors d'une visite de trois jours en Israël, que le chaos en Irak ne pouvait être séparé de l'enlisement du conflit dans les territoires palestiniens. “Cette spirale de violence et de désespoir qui menace l'ensemble de la région est un conflit que nous considérons comme central dans l'arc de crise du Proche et du Moyen-Orient”, a déclaré le ministre à Jérusalem. À Tel-Aviv, M. Barnier a lancé un appel à la communauté internationale, à la Ligue arabe et aux Etats-Unis pour travailler ensemble à un règlement global du conflit israélo-palestinien “dans les mois qui viennent”, quel que soit le président américain issu des élections du 2 novembre. Ces propos avaient d'autant plus de force qu'ils étaient tenus en Israël même et que la France venait de “rétablir le dialogue au sommet” avec le Premier ministre Ariel Sharon après de multiples tensions cet été. Michel Barnier a aussi fait le lien entre cette région et l'Europe en affirmant que “l'instabilité et l'insécurité ici c'est aussi pour nous, Européens, notre instabilité et notre insécurité”. C'est parce que l'Europe est directement concernée par l'instabilité à ses portes qu'elle doit peser de tout son poids, au sein du quartette (Etats-Unis, Russie, Onu, Union européenne) dans un processus trop longtemps géré exclusivement à Washington, a fait valoir le ministre français. Aux Israéliens, qui aimeraient voir les Européens se consacrer essentiellement à la reconstruction de la bande de Gaza après un retrait prévu en mai 2005, M. Barnier a dit clairement que l'UE n'était plus prête à “se cantonner dans un rôle de soutien financier” et qu'elle entendait désormais jouer un rôle “politique” et même “sécuritaire”. Conscient que la France ne peut peser qu'en prenant l'habit européen, l'ancien commissaire européen a martelé : “Ce que nous allons faire, nous allons le faire à travers l'UE”. Paris doit, dans les semaines qui viennent, “travailler à une proposition commune” avec ses partenaires européens pour accompagner le retrait de Gaza, selon des sources diplomatiques. Il s'agit d'éviter que ce territoire ne se transforme “en poudrière”, faire en sorte qu'il soit viable économiquement, puisse communiquer à la fois avec la Cisjordanie et avec l'extérieur (port et aéroport) et assurer sa sécurité. C'est forte du “principe de réalité” que la France insiste pour que l'on reconnaisse le rôle du président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat.