Non moins inquiétante était l'attitude des autorités qui se complaisaient dans une attitude d'observation attentiste, donnant l'impression qu'elles avaient à faire à des “conflits de basse et moyenne intensité”. L'exagération et l'outrance verbale confinant, à la longue, à la dérision, il y a, dans le réveil subit et simultané de certains pans du “front social” comme un air de déréliction qui introduit quelque doute dans l'arène des luttes syndicales qui — pourtant — ne peuvent être toutes récupérées ni instrumentalisées en même temps. Le monde du travail, fût-il celui d'un secteur public sérieusement fragilisé, a quand même suffisamment de ressources et de ressort moraux pour ne pas se laisser entraîner sur des terrains qui peuvent se révéler davantage accueillants pour les manœuvriers de tout poil tapis dans des instances syndicales. “Ce qui est exagéré étant insignifiant”, pour reprendre le mot d'un bot — sic — manœuvrier passé à la postérité, les syndicats algériens, reconnus ou non, savent normalement jusqu'où ils peuvent jeter le bouchon trop loin. Ils n'ignorent pas, en particulier, que les mouvements de revendication qui ont le plus de chances d'aboutir sont ceux qui bénéficient, sinon de la sympathie, du moins de la compréhension du public, directement pénalisé par l'exercice du droit de grève ou subissant ses “dégâts collatéraux”. Tel n'est malheureusement pas le cas en Algérie où les mouvements sociaux, trop longtemps bridés, ne s'embarrassent pas toujours de ces considérations, peut-être trop diplomatiques aux yeux de leurs animateurs. N'a-t-on pas vu, l'année dernière, des enseignants du secondaire rejeter toute perspective d'année blanche alors que leur arrêt de travail paralysait les lycées depuis plus de deux mois ? À présent, c'est au tour des syndicats des ports de menacer, de perturber sérieusement les échanges commerciaux avec l'extérieur, au seul motif que la privatisation et l'externalisation de certaines activités dans les enceintes portuaires ne leur conviennent pas. Non moins inquiétante était l'attitude des autorités qui se complaisaient dans une attitude d'observation attentiste, donnant l'impression qu'elles avaient à faire à des “conflits de basse et moyenne intensité” susceptibles de s'éteindre d'eux-mêmes après avoir rempli leur fonction de décompression sociale. Ce qui revenait à jouer avec le feu, comme le confirme le communiqué très menaçant du gouvernement, rendu public hier. Soit moins d'une semaine après une “bipartite” qui avait fait couler beaucoup d'encre. Où est le dialogue social… ? A. H.