Trop attendu, trop espéré, le match Manchester United-Arsenal (2-0) a débouché sur un vague brouillon qui a vu les “Gunners”, les plus méritants, renversés après 49 matches sans défaite, dimanche lors de la 10e journée du championnat d'Angleterre de football. Le football anglais n'est pas apparu sous son meilleur jour lors d'une rencontre qui, sans étaler les images de haine de septembre 2003, a été émaillée de mauvais gestes, trucages et erreurs d'arbitrage. Les oppositions entre les deux clubs semblent résolument associées à la controverse. Manchester United a pris plaisir à mettre fin à l'irrésistible série d'Arsenal, mais ne peut tirer grande gloire de la manière employée. L'an passé, Arsenal avait tenu le rôle du méchant. Lauren, Ray Parlour et Martin Keown étaient venus bousculer, injurier Ruud van Nistelrooy, qui venait de frapper sur la barre un penalty déjà contesté. Cette fois, le costume a changé d'épaule. Non pas que les “Gunners” n'aient pas eu de virulents tacles à se reprocher. Mais l'agressivité, dans un Old Trafford sous tension, était du côté des Red Devils, peu enclins à les laisser à 14 points. L'arbitre Mike Riley, réputé pour sa sévérité, a semblé souvent magnanime. Pour Rio Ferdinand, par ailleurs fort impressionnant, la partie aurait ainsi pu s'arrêter dès la 19e minute. Revenu charger par derrière Freddie Ljungberg qui filait au but, l'Anglais a échappé miraculeusement à la faute et au carton. L'homme du centre a commis une autre erreur fatale car ayant décidé du sort du match. Il s'est laissé abuser par Wayne Rooney qui, le jour de ses 19 ans, a montré que le sens de la tricherie n'attendait pas le nombre des années. Moins lumineux que pour ses débuts avec MU, avec ses trois buts face aux Turcs de Fenerbahce, l'attaquant mancunien, qui n'eut ensuite aucune honte à avouer son forfait, a plongé devant Sol Campbell, pour obtenir un penalty que van Nistelrooy s'est appliqué à tirer en douceur. M. Riley ne pouvait dès lors échapper à l'amertume d'Arsène Wenger. “Je crois qu'on a été un petit peu volé”, s'est laissé aller à dire le manageur londonien, peu coutumier de ces propos. “Je ne pense pas qu'il y avait le moindre contact, a-t-il jugé. Je suis déçu parce que nous étions les meilleurs. Nous avons eu les meilleures occasions, mais la décision de l'arbitre a fait la différence. (sans dire monsieur) Riley a décidé du match.” Son homologue Alex Ferguson a pu rétorquer, tout de roublardise : “Je crois que si quelqu'un est bousculé dans la surface, c'est penalty.” Pas sûr que le jeu pour le moins décousu de son équipe, revenue à 8 points du leader, suffise cependant à rassurer l'Ecossais. Sans donner à son jeu la fraîcheur habituelle, Arsenal est resté le plus convaincant. Si Wenger ne regrette sans doute ni Parlour ni Keown, sa jeune équipe, avec un José Reyes boitillant et transparent en seconde période, est simplement moins rodée que les frères Neville à ce genre de débats. Reste aux “Gunners” à se remettre de cet échec, eux que la fébrilité gagne parfois dans l'adversité.