Les conséquences de ce refus du pluralisme syndical ont été assez lourdes au plan économique et social et contribuent à un alourdissement permanent du climat social. En prenant langue directement, sans médiation ni intercession, avec l'organisation syndicale non reconnue des professeurs de l'enseignement secondaire et technique, le ministre de l'Education nationale a condescendu hier à faire un geste qui pourrait être annonciateur d'une nouvelle approche par les autorités des mouvements qui portent la revendication sociale. Activant pour ainsi dire dans l'illégalité, le syndicat du médiatique Méziane Mériane a donc fini par s'imposer comme un interlocuteur nécessairement représentatif pour le ministère de tutelle, désormais contraint de composer et de compter avec lui. Doit-on alors comprendre que l'agrément du Cnapest n'est qu'une question de temps ? La logique et le bon sens voudraient qu'on réponde par l'affirmative. Mais que de temps perdu, de réponses musclées inconsidérées et de perturbations dans le cycle de l'enseignement secondaire avant cette reconnaissance de facto. Celle-ci a une signification, a posteriori : les revendications, bruyamment exprimées par les enseignants, étaient fondées, ce qui aurait dû amener le gouvernement à s'engager dès le départ dans la voie du dialogue avec un partenaire légitimé par une réelle assise. Au lieu de quoi, l'option pour la répression avait durci le mouvement né à la rentrée 2003-2004. On sentait, à l'époque, plus qu'une frilosité ou un simple a priori du gouvernement vis-à-vis des syndicats autonomes peu portés sur les compromis et les subtilités des accords arrangés ou imposés. Ce fut une erreur magistrale car, par la suite, la multiplication des foyers de tension dans divers secteurs d'activité a révélé l'emprise limitée du seul syndicat, l'Ugta, que le gouvernement s'est choisi comme interlocuteur. Les conséquences de ce refus du pluralisme syndical ont été assez lourdes au plan économique et social et contribuent à un alourdissement permanent du climat social. Un autre effet de cette politique à courte vue des pouvoirs publics est de pousser vers une radicalisation des positions défendues par les syndicats autonomes, reconnus ou non. Dès lors que ces derniers se sentent méprisés et rejetés, ils ont tendance à donner à leurs revendications un caractère maximaliste qui prolonge leur période de gestation infantiliste. Comment s'étonner, dans ces conditions, de cette émergence des corporatismes qui rivalisent dans les pressions à exercer sur les autorités pour obtenir davantage ? La leçon de cette quasi-reconnaissance du Cnapest est d'abord celle de l'échec des tutelles à se choisir elles-mêmes leurs partenaires sociaux. Alors va pour le pluralisme syndical ! A. H.