La déclaration de Bagdad sur ses programmes d'armes ne satisfait pas Washington qui prépare sa guerre tout en cherchant un alibi pour justifier l'attaque militaire. “Il y a des problèmes” avec ce document, a affirmé Colin Powell à la presse au sujet de la liste irakienne sur ses armes interdites. “C'était la dernière chance de l'Irak d'informer le monde de la manière la plus complète possible sur les armes de destruction massive qu'il possède”, déclarait de son côté le porte-parole de la Maison-Blanche, Ari Fleisher. Ces prises de position laissent à penser que Washington a déjà opté pour la guerre et ne cherche qu'une excuse pour mettre sa décision à exécution. Le secrétaire d'Etat américain aux affaires étrangères a réaffirmé le scepticisme de son pays vis-à-vis du document irakien, bien que l'évaluation par les services spécialisés soit toujours en cours. Colin Powell a indiqué que son jugement se basait sur des analyses préliminaires seulement. Il a laissé entendre que George Bush pouvait se prononcer à ce sujet dans les tout prochains jours, tout en rappelant que l'usage de la force fait toujours partie des options américaines, “si l'Irak ne coopère pas et viole une fois de plus une résolution de l'ONU”. Une façon comme une autre de préparer l'opinion publique internationale à une attaque militaire américaine contre l'Irak. La position américaine est, bien sûr, partagée par Londres, dont les experts trouvent la déclaration de Bagdad “très décevante”, en estimant qu'elle ne répond pas à toutes les questions. Tony Blair essaye, quant à lui, de préparer le terrain à une offensive militaire en courtisant le monde arabe. Il a profité de la visite en Grande-Bretagne du président syrien Bechar El Assad pour annoncer une tentative en faveur de la paix au Proche-Orient. Le Premier ministre britannique compte inviter des “responsables palestiniens”, sans en préciser les noms, en janvier prochain, pour une réunion qui sera consacrée aux réformes de l'autorité palestinienne. D'autres pays prendront part à ce rendez-vous, tels l'Egypte, l'Arabie Saoudite, la Jordanie et Israël. Les Britanniques s'attellent également à préparer l'après-Saddam avec l'accord intervenu à Londres entre les différentes parties composant l'opposition irakienne. Cette dernière initiative n'a pas été du goût de Bagdad, qui a réagi énergiquement par la télévision d'Etat : “Il n'y a pas de place pour les traîtres en Irak.” En termes plus clairs, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis laissent l'ONU poursuivre les inspections sur le terrain tout en recherchant l'alibi qui justifierait le déclenchement d'une opération armée. Une phrase de Colin Powell résume parfaitement la position des deux pays : “Nous avons dit dès le départ que notre approche était le scepticisme, et les informations reçues jusqu'à présent montrent que ce scepticisme est bien fondé.” K. A.