Le leader de la Centrale syndicale a opposé le plus formel démenti aux rumeurs l'accusant de faiblesse vis-à-vis du gouvernement. Le secrétaire général de l'Ugta a mis fin, hier, à la campagne d'accusations dirigée contre sa personne depuis plusieurs semaines. “Je travaille avec mes convictions syndicales. Je ne veux plus d'hypocrisie syndicale. Basta ! Je dis cela devant la presse et je mets fin à cette spéculation qui dure depuis juin dernier (...) Je lève des équivoques, je fais un démenti public...”, a soutenu fermement Madjid Sidi-Saïd. Le leader syndical s'est voulu offensif pour contrecarrer ses adversaires, sans aller jusqu'à les nommer. Pourtant, depuis plusieurs jours, notamment après la réunion bipartite UGTA-gouvernement, des bruits ont circulé faisant état d'un groupe, constitué d'environ 80 membres de la commission exécutive nationale (CEN) et de quatre secrétaires nationaux, dont Djenouhat et Rahma Boudjemaâ, qui chercherait à pousser Sidi-Saïd vers la sortie, avant la tripartite — prévue pour la fin du mois en cours, et au plus tard au début du mois de décembre — et le prochain congrès national de l'organisation syndicale. Le groupe en question reprocherait au numéro un de l'UGTA “l'échec de la dernière bipartite” et le départ de beaucoup de syndicalistes vers d'autres organisations (syndicales). Il aurait décidé l'envoi d'une “commission d'enquête” pour enquêter, en particulier, sur l'utilisation des rentrées financières de l'UGTA, l'arrêt de la revue Révolution et Travail, dont “le compte bancaire est toujours ouvert”, et les raisons ayant poussé Madjid Sidi-Saïd à déposer l'argent de l'UGTA à El-Khalifa Bank. Les adversaires du leader syndical auraient, semble-t-il, accusé Sidi-Saïd d'entretenir des relations subjectives avec le chef du gouvernement et de réagir comme “un ministre suppléant”, détaché des préoccupations du monde du travail et piétinant les prérogatives de la CEN. Hier, Sidi-Saïd a apporté les clarifications jugées nécessaires, usant parfois d'un ton menaçant. “Nous avons été trop laxistes entre nous. Le problème est à notre niveau. Alors, redonnons la parole à la base, à ceux qui sont sur le terrain”, a-t-il déclaré, avant de menacer de jeter le tablier, puis, redevenant plus calme, il a affirmé : “personne n'a rien pris à El-Khalifa... Nous avons certes des insuffisances, mais nous sommes investis par un congrès (...) Si l'UGTA doit changer de position, s'il faut aller vers un autre rapport de force, ce sera à la Commission exécutive nationale de déterminer la stratégie syndicale.” Le chef de la Centrale syndicale a également relevé avec amertume que “certains ont dit que j'ai trahi l'Ugta”, avant de se reprendre. “À partir d'aujourd'hui, terminé le langage de kal ou kal. Redevenons des syndicalistes solidaires”, a encore déclaré Sidi-Saïd, en plaidant pour la “transparence” et le “consensus” au sein de son organisation. H. A.