La crise, qui couvait depuis plusieurs semaines au mouvement de Djaballah, a éclaté au grand jour, jeudi dernier. Par communiqués interposés, les partisans du président du mouvement, Abdallah Djaballah, et ses pourfendeurs se sont livrés, le week-end dernier, à une véritable guerre de tranchées. Dans un document transmis, hier, aux rédactions de la presse nationale, Mohamed Boulahia a annoncé que le Madjlis echoura, (Conseil consultatif) qu'il préside, a décidé, à l'issue d'une session extraordinaire tenue, jeudi dernier, au siège du parti, de geler les activités du bureau politique et par-là même le dessaisir de la préparation du deuxième congrès du mouvement. Il a rendu caduques, de ce fait, les actions entreprises jusqu'alors dans cette perspective, par Abdallah Djaballah et ses collaborateurs. Mohamed Boulahia accuse le président d'El Islah de concentrer tous les pouvoirs décisionnels entre ses mains, de favoriser la politique de la fuite en avant et de préparer les prochaines assises du mouvement sans prendre en compte l'avis des structures élues, particulièrement le Conseil consultatif, instance souveraine entre deux congrès. Djahid Younsi (député), que nous avons contacté, hier, a déclaré que les cadres du parti, dont de nombreux députés, ne pouvaient plus rester placides devant les pratiques hégémoniques d'Abdallah Djaballah. à ce titre, il devenait urgent de lui enlever le commandement du mouvement avant la tenue du congrès. L'aile, restée fidèle à Abdallah Djaballah, a réagi promptement à ce qu'elle considère comme une manœuvre déstabilisatrice menée par “un infime nombre de cadres”. Elle a rendu publique, à son tour, au nom du Madjlis echoura, une série de résolutions, vraisemblablement prises à la hâte. Selon Lakhdar Benkhelef, joint, hier, par téléphone, 84 membres de cette instance, sur 106, ont retiré leur confiance au président du Madjlis, Mohamed Boulahia, et aux cinq membres du bureau politique, qui sont entrés en dissidence contre le chef du parti, il y a plusieurs semaines. Ces derniers seront traduits devant la commission de discipline, dont le président, Djamel Soualah (également dissident) a été remplacé. Les signataires d'une pétition de soutien à Djaballah ont adopté, en outre, les rapports de la commission de préparation du prochain congrès. Afin de prendre de vitesse le groupe des insubordonnés, les proches de Djaballah ont fixé la tenue des deuxièmes assises aux 29, 30 et 31 décembre et ont désigné les membres de son bureau (Abdelghafour Saâdi, Meriem Lachheb, Hamed Bakhira, Yahia Laroussi, Belhachemi Abdallah et M. Bouguenaïa). Il est difficile de savoir, pour l'instant, quelle tendance agit dans la légalité des statuts du parti et des lois de la République. Une certitude, néanmoins, Abdallah Djaballah fait face à une crise aussi sérieuse que celle qui lui a fait perdre le mouvement Ennahda en 1999. S. H.