L'Algérie a sa place plus que beaucoup d'autres dans une francophonie où elle a naturellement vocation à jouer les premiers rôles pour des raisons indiscutables. Il y a une forte probabilité de voir le président algérien marquer de sa pleine participation le Xe sommet de la francophonie, qui se tient les 26 et 27 novembre dans la capitale burkinaise, Ouagadougou. S'il se confirmait, l'événement ferait date dans les annales de la francophonie institutionnelle, jusque-là privée de la présence active d'un pays, l'Algérie, qui n'a pas assurément que la langue française “en partage” dans cet espace. Mais elle y arrive à pas mesurés, feutrés, comme pour ne pas provoquer de dérangement brutal sur une voie qui était parsemée de “ralentisseurs” psychologiques. Et tout cela est bien compréhensible au regard de la relation unique, spéciale et exceptionnelle qui unit la France et l'Algérie. La première avec son statut passé de puissance occupante de la seconde, qui n'en a secoué le joug qu'au prix d'une guerre sanglante. Le reliquat de cette histoire commune n'est évidemment pas réductible à la seule dimension linguistique. Encore que, s'il fallait en faire une donnée fondamentale, l'Algérie a sa place, plus que beaucoup d'autres, dans une francophonie où elle a naturellement vocation à jouer les premiers rôles pour des raisons indiscutables. D'autant plus qu'avec son ouverture aux “allophones”, l'Organisation internationale de la francophonie n'a pas manqué de s'exposer, ces dernières années, à quelques rappels à l'ordre lui reprochant une certaine libéralité par rapport au critère de la langue. Il se trouve, précisément, que depuis quelques années, l'Algérie est moins frileuse sur cette question, assumant tout haut son appartenance à l'espace francophone, réintroduisant l'enseignement du français dans ses écoles et lui concédant une place privilégiée comme langue de travail. Qui peut lui contester cet atout ? Mais par-delà le lien linguistique en tant que facteur de consolidation communautaire, l'espace francophone voit aujourd'hui ses assises et son emprise s'élargir au champ économique, face à d'autres blocs et ensembles qui se sont, eux aussi, constitués dans une perspective de développement. Appelée à devenir une puissance régionale si elle réussit ses réformes économiques et en accélère la mise en œuvre, l'Algérie est dans une centralité qui en fait un passage obligé pour les politiques de coopération régionale, en particulier de l'Europe vers l'Afrique et de la France vers les pays francophones. Son entrée dans la francophonie ne peut donc se faire que par la grande porte. A. H.