Le gouvernement a opté "résolument" pour un nouveau paradigme du développement industriel. C'est du moins ce qu'a indiqué, jeudi, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, à la clôture de la Conférence sur le développement économique et social qui s'est tenue du 4 au 6 novembre au Palais des nations (Alger). "Nous voulons opérer un renversement de perspective stratégique avec deux dimensions complémentaires et convergentes : l'entreprise est au cœur de notre démarche, d'une part, le savoir en sera le moteur, d'autre part", a précisé M. Abdesselam, indiquant que "c'est à partir et autour de l'entreprise que sera formulée la nouvelle stratégie industrielle". L'Etat est ainsi un Etat stratège, créant les conditions de la compétitivité des entreprises, ouvrant la voie à l'émergence de champions industriels nationaux qui entraîneront dans leur sillage PME, universités, ingénierie et recherches nationales. "Nous voulons libérer l'initiative, redonner toute sa dignité à l'acte d'entreprendre, encourager l'innovation", a souligné le ministre de l'Industrie. Dans cette perspective, le partenariat international est un élément-clé de la stratégie du gouvernement. "Nous veillerons à encourager un partenariat de type nouveau qui, en contrepartie du potentiel immense que lui offre notre marché, ouvre des perspectives stratégiques réelles à nos entreprises publiques et privées, à nos universités et à notre recherche", a-t-il annoncé. "Ce partenariat, nous le voulons avec des leaders mais aussi avec des PME innovantes étrangères qui trouveraient en Algérie les conditions de leur épanouissement", a expliqué le ministre. Cependant, les participants à la conférence estiment que l'attractivité de l'économie algérienne reste largement insuffisante pour ce qui est des investissements hors hydrocarbures, qualifiant le climat d'investissement "de contraignant". Pour eux, le taux de croissance de 7% recherché à l'achèvement du prochain programme quinquennal ne saurait être atteint sans un rythme plus intense de création d'entreprises et d'investissement. Du coup, il insiste, "avec force", sur "la nécessité d'un plan d'action urgent à mettre en œuvre pour améliorer le climat des investissements". Ils recommandent de revoir le mode d'allocation de la ressource foncière, d'en élargir l'offre au profit des investissements industriels et d'accélérer le programme de réhabilitation des zones industrielles existantes et la mobilisation des actifs dormants. Les participants soulignent, également, l'urgence de l'amélioration des services bancaires offerts aux investissements industriels par le développement de l'ingénierie bancaire, de raccourcir les délais d'examen des dossiers, de décentraliser et de diversifier l'offre et les sources de financement. Ils ont évoqué l'importance de l'évolution de l'appareil administratif de sa situation d'administration focalisée sur le contrôle préalable et le formalisme à une administration experte orientée vers le service et l'accompagnement de l'entreprise. Ils ont, par ailleurs, appelé à la mise en œuvre des mesures nécessaires à l'instauration d'une concurrence saine et loyale et d'agir de la manière la plus vigoureuse qui soit pour l'élimination de tout acteur du marché informel. Les participants ont également préconisé d'identifier les filières industrielles prioritaires à encourager, de cibler, au sein de ces filières, les créneaux et segments à haut potentiel présentant des avantages comparatifs avérés et de travailler à leur transformation en avantages compétitifs construits. Ils suggèrent de soutenir par des partenariats innovants, les secteurs et branches en difficulté mais disposant de potentiels de marchés, tels que les branches textile, cuir et autres manufacturières, ainsi que les industries naissantes à l'instar de l'industrie automobile, de l'industrie navale, des énergies renouvelables, des biens d'équipements pétroliers. Pour impulser la politique industrielle, il est recommandé de mettre en place un conseil national du développement industriel, une agence nationale pour le développement industriel qui coordonne tous les autres services d'appui et l'institutionnalisation des contrats programme entre pouvoirs publics et entreprises industrielles. M. R.